<46>laissa Draskovics avec six mille hommes à Neustadt, et prit le chemin de la Bohême avec le reste de ses troupes. Draskovics, se trouvant seul, voulut tenter une entreprise dont il n'eût à partager le succès avec personne. Il eut vent qu'un bataillon du régiment de Mosel,b parti de Landeshut, était en marche pour se rendre à Neisse : il l'attaqua avec toute sa cavalerie; le bataillon se défendit bien, ne perdit rien, lui tua beaucoup de monde, et entra comme en triomphe dans la forteresse de Neisse.

En Poméranie, M. de Forcade, détaché contre les Russes, avait poussé trois corps en avant pour les observer : M. de Platen à Schivelbein, M. de Grabow à Cöslin, et M. de Gablenz à Greifenberg. S. A. R., qui avait le commandement général sur tous ces corps, se tenait alors à Sagan, où elle avait rassemblé MM. de Goltz et de Schmettau avec leurs détachements. Elle trouva convenable alors de prendre une position qui la mît plus à portée de s'opposer aux desseins des Russes; elle marcha à Francfort, et donna des ordres à M. de Forcade pour qu'il se rendît à Landsberg, qui était le rendez-vous général de cette armée.

Pendant que ces troupes se joignaient, M. Loudon traversa le comté de Glatz, et pénétra en Silésie avec deux corps, dont l'un passa par Silberberg et se rendit à Reichenbach, où l'autre, qui venait par le chemin de Patschkau, le joignit. M. de Fouqué, averti de ce mouvement, crut que l'ennemi en voulait à Breslau; il quitta sur cela ses gorges de Landeshut, et se porta sur Canth. Les Autrichiens profitèrent aussitôt de son absence pour occuper avec des détachements les postes de Grüssau et de Landeshut. Pour M. Loudon, il rentra avec son armée dans le comté de Glatz, et mit le blocus devant cette place. M. de Fouqué, qui se vit abusé par ce revirement subit des troupes autrichiennes, retourna à Landeshut, d'où il n'eut pas de peine à déloger les ennemis. Son intention était de conserver ces débouchés de la Bohême et d'attendre qu'il fût renforcé, pour pouvoir entrer par Braunau dans le comté de Glatz, et contraindre l'ennemi d'abandonner le siége de la capitale : il plaça son camp sur les montagnes; sa droite occupait celle de Blasdorf, sa gauche, le Doctorberg. Ce terrain demandait pour être bien garni le triple des troupes qu'il avait;


b Le régiment d'infanterie no 10 de la Stammliste de 1806.