<107>

162. AU CAPITAINE ANDRIÉ A LONDRES.

Berlin, 19 novembre 1740.

Votre dépêche du 4 de ce mois m'a été rendue, et m'a appris ce que milord Harrington vous a dit, touchant l'événement arrivé par la mort de l'Empereur, que le Roi son maître était et serait toujours prêt d'entrer de concert avecmoi dans toutes les mesures convenables dans cette circonstance, ne doutant pas que de ma part elles ne soient toujours conformes au bien public et à la cause protestante en Europe. Vous pouvez lui répondre que mes sentiments se rencontrent entièrement sur cet article avec ceux de Sa Majesté Britannique, avec laquelle je communiquerais au premier jour confidentiellement sur les mesures à prendre dans la situation présente, souhaitantpassionnément d'aller de concert avec elle en tout ce qui peut affermir l'équilibre de l'Europe, le système de l'Empire, et le bien général de la cause protestante, qui feront toujours le seul et véritable but de toutes mes actions. Et comme le roi de Grande-Bretagne y vise également, à ce que le lord Harrington vous a assuré, et que les intérêts de ce monarque me seront toujours aussi chers que les miens propres, il ne faut pas douter que nous ne tombions bientôt d'accord sur un ouvrage sisalutaire.

Vous devez vous informer aussi adroitement de ce qu'on pense de la contenance de la France et du langage pacifique qu'elle tient par rapport à la garantie de la Sanction Pragmatique, et si l'on s'y fie en Angleterre.

Je suis surtout curieux d'apprendre si la mort de l'Empereur, comme l'on assure, fera assez d'impression sur l'esprit de la nation, pour ne point prendre le parti de déclarer la guerre à la France, par rapport à l'assistance qu'elle a donnée à l'Espagne.

Il y a apparence que le cardinal de Fleury ne tient des propos si modérés au sujet de la garantie de la succession de feu l'Empereur que pour empêcher la nation britannique, et même la cour, de prendre un parti vigoureux à l'ouverture prochaine du parlement, et pour éviter qu'on ne lui déclare la guerre, afin qu'on ait le temps en France de préparer à petit bruit tout ce qu'il faut pour frapper son coup d'autant plus sûrement. Vous pouvez bien insinuer ceci de vous-même au ministère d'Angleterre, pour voir comment on s'expliquera là-dessus.

Federic.

H. de Podewils.

Nach der Ausfertigung.