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163. AU CONSEILLER BARON LE CHAMBRIER A PARIS.

Berlin, 19 novembre 1740.

J'ai de la peine à me persuader que lacour de France, ainsi que vous le croyez selon votre dépêche du 6 de ce mois, ne fera aucun mouvement à l'occasion de l'événement qui est arrivé de la mort de l'Empereur, mais que le tout se passera de la part de cette couronne vraisemblablement en négociations.

On connaît assez le langage du Cardinal ministre dans cessortes de rencontres, qui affecte d'abord de grands sentiments de modération et de désintéressement, pour endormir les autres, les empêcher de prendre des mesures, et pour gagner du temps à préparer des matériaux à petit bruit, afin de frapper plus sûrement son coup avant qu'on s'y attende.

Quelle apparence a-t-il que la Franceveuille abandonner les intérêts de la cour de Bavière, qui certainement par la voie de la négociation ne tirera jamais ni pied ni aile de la maison d'Autriche, qui n'est point accoutumée à faire des cessions, à moins qu'elle n'y soit forcée.

Et la France, laisserait-elle échapper cette occasion pour arracher la dignitéimpériale au duc de Lorraine, qui y vise, et pour ne point vouloir affaiblir ce qui reste encore de forces à la maison d'Autriche, et qui, sous un prince jeune, actif, économe, et extrêmement appliqué aux affaires, tel que le duc de Lorraine, pourra avec le temps reprendre son ancienne vigueur, et devenir après quelques années de repos aussi formidable à la France, moyennant de bonnes alliances, qu'elle a été autrefois.

Mais comment empêcher tout cela par la voie de la négociation seule? J'avoue que je n'y comprends rien, et que je suis fort tenté de croire que la cour de Vienne a su mettre la France dans ses intérêts par le moyen de quelque sacrifice considérable qu'elle lui a stipulé, et qui n'éclatera que quand on croira le tout pacifié et tranquille. A ce prix-là, jecrois la France assez portée d'abandonner la Bavière et de concourir à la défense de la maison d'Autriche, et même à son élévation à la dignité impériale.

Ainsi vous ferez bien de ne vous point laisser endormir par les apparences, mais de tâcher de pénétrer, autant qu'il est possible, le dessous des cartes.

Federic.

H. de Podewils.

Nach dem Concept.


164. AU CHANCELIER DE RAESFELD A LA HAYE.

Berlin, 19 novembre 1740.

J'ai vu par votre dépêche du 11 de ce mois l'entretien que vous avez eu avec le sieur Trevor, et ce qu'il vous a dit des sentiments du Roi son maître touchant l'empressement qu'il témoigne d'entrer immédiate-