<146>manqué de parvenir aux oreilles du marquis de Fénelon. Est-il possible que vous ayez donné si grossièrement dans le panneau, et qu'après des avertissements si souvent réiterés, vous soyez si peu capable de ménager le secret, que de fortifier le soupcon qu'on en a pu avoir, par la production des originaux qu'il ne faut jamais faire voir à moins que d'une nécessité indispensable? Et quand vous l'auriez cru telle en cette occasion, ne fallait-il pas demander et attendre là-dessus mes ordres exprès?

Il m'est bien douleureux de me voir exposé à des explications désagréables par l'imprudence de mes propres ministres, et je crains fort que, pour ne pas me brouiller à contretemps avec la France, je ne sois obligé de vous rappeler de votre place.

Federic.

H. de Podewils.

Nach dem Concept.


205. AU MINISTRE D'ÉTAT DE PODEWILS A BERLIN.

Crossen, 15 décembre 1740.

Monsieur de Podewils. Croyant de mes intérêts d'être informé au juste des vues et des desseins du roi de Sardaigne dans la crise où nous sommes, j'ai résolu d'envoyer le sieur Algarotti pour sonder le terrain.1 Il ne doit prendre aucun caractère public, se disant simple passager qui est allé en Italie pour ses affaires. Vous devez faire expédier pour lui une lettre de recommandation au Roi, et une autre au premier ministre, le marquis d'Ormea,2 et outre cela une instruction comment il doit s'y comporter. En rendant ma lettre au Roi, il lui fera les protestations les plus polies et les plus fortes de mes sentiments d'amitié et d'estime pour sa personne, et de l'envie que j'ai de lui en donner des marques réelles dans toutes les occasions qui se présenteront. Comme il cherchera à gagner la confiance et les bonnes grâces de ce prince, il doit employer son savoir-faire pour pénétrer si ses intérêts ne le porteront point à lever le bouclier dans la conjoncture présente, qui ne saurait être plus favorable, et, s'il y voit du jour, il n'oubliera rien pour le confirmer dans ces sentiments. Je suis etc.

Federic.

Nach der Ausfertigung.


206. AU CHANCELIER DE RAESFELD A LA HAYE.

Crossen, 16 décembre 1740.

Monsieur de Raesfeld. J'ai bien reçu vos dernières relations sur les affaires générales et sur votre entretien avec Fénelon au sujet de l'ombrage qu'il a conçu du conseil que j'ai fait insinuer au premier



1 Vergl. die Briefe an Algarotti, Œuvres XVIII, 19. 27. 28.

2 Unten Nr. 211. Das an den König von Sardinien gerichtete Schreiben ist ein farbloses Creditiv.