<201>

298. AU GRAND-AMIRAL COMTE D'OSTERMANN A SAINT-PÉTERSBOURG.

Schweidnitz, 4 mars 1741.

Monsieur. Les peines que vous vous êtes données pour terminer le traité d'alliance que je viens de conclure avec l'Empereur votre maître, me sont trop connues pour que je manque de vous en témoigner ma parfaite reconnaissance. Les intérêts de nos cours sont si communs que je ne doute nullement que vous necontribuiez toujours à en cimenter à jamais les liens. Vous me trouverez toujours porté à concourir en tout et partout à ce qui peut être de l'intérêt de l'Empereur, et en particulier, je ne négligerai aucune occasion de vous témoigner les sentiments d'estime et de confiance avec lesquels je suis, Monsieur, votre parfait ami

Federic.

Nach der Ausfertigung im Hauptarchiv des Kais. Russ. Ministeriums der auswärtigen Angelegenheiten zu Moscau. Eigenhändig.


299. AU MINISTRE D'ÉTAT DE PODEWILS A BERLIN.

Podewils, Truchsess avance, Mardefeld va son chemin, Chambrier fait à merveille, Klinggræffen est adoré.

Ainsi, cara anima mia, non disperar.

Ræsfeld va à pieds de tortue, Finck danois se gratte les c....., Finck saxon est de contrebande.

Mais vainquons ces difficultés, et nous triompherons. Il n'y a point de lauriers pour les paresseux, la gloire les donne aux plus laborieux et aux plus intrépides.

Par parenthèse, j'ai échappé deux fois aux desseins des hussards d'Autriche. Si malheur m'arrivait d'être pris vif, je vous ordonne absolument, et vous m'en répondrez de votre tête, qu'en mon absence vous ne respecterez point mes ordres, que vous servirez de conseil à mon frère, et que l'État ne fera aucune action indigne pour ma liberté. Au contraire, en ce cas, je veux et j'ordonne qu'on agisse plus vivement que jamais. Je ne suis roi que lorsque je suis libre.

Si l'on me tue, je veux qu'on brûle mon corps à la romaine, et qu'on m'enterre de même dans une urne à Rheinsberg. Knobelsdorff doit en ce cas mefaire un monument comme celui d'Horace à Tusculum.

Je vous enverrai un ample écrit de mes idées sur les conjonctures présentes, et sur ce que je jugede mieux à faire dans le cas présent et à l'avenir. Ce sera le successeur qui pourra ensuite, selon qu'il l'entend ou que les choses changent, faire ce que bon lui semblera.