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304. AU CONSEILLER PRIVÉ D'ÉTAT BARON DE MARDEFELD A SAINT-PÉTERSBOURG.

Schweidnitz, 11 mars 1741.

Monsieur de Mardefeld. J'ai bien reçu la vôtre du 18 février, par laquelle vous me mettez au fait de ce qui mérite mon attention; j'ai été ravi d'apprendre la favorable disposition où le ministère et principalement le premier ministre se trouvent à mon égard, et que vous travaillez efficacement pour l'affermir. Comme vous êtes instruit et autorisé des moyens propres pour cette fin, je remets le tout à votre discernement, et je me flatte que vous porterez le ministère à me donner dans la crise présente des preuves essentielles de sa bonne volonté et candeur. Rien ne m'en convaincrait plus fortement que si l'on voulait mettre la main à l'œuvre et inspirer à la cour de Vienne l'envie de s'accommoder avec moi, en lui ôtant l'espérance d'un secours russien. C'est pourquoi vousassurerez les ministres d'une éternelle reconnaissance; que je me ferais plaisir dans toutes les occasions où il s'agira de l'intérêt de la Russie et de ces grands génies qui sont au timon des affaires; mais n'oubliez rien pour faire valoir auprès du Feld-maréchal la parfaite considération et l'amitié que je me sens pour lui, et la déférence que j'ai et j'aurai toujours pour ses sages conseils.

Quant aux deux croix de l'ordre pour le mérite, j'approuve vos idées et la précaution que vous avez prise, et je vous laisse la liberté d'en disposer, quand et comment vous le jugerez convenable à mes intérêts. Pour ce qui regarde la proposition du général Lœwenwolde, vous pouvez lui faireconnaître que je lui en sais très bon gré, et que je souhaite que je puisse acquérir un si brave et expérimenté général, que cependant il trouverait lui-même les difficultés insurmontables qu'il y aurait à vaincre, surtout dans les circonstances présentes, où il me faut beaucoup de ménagement.

Au reste, je vous mande que mes troupes ont emporté d'emblée la ville de Glogau hier matin entre 12 et 1 heures; toute la garnison a été faite prisonnière et je n'y ai perdu que quarante hommes de tués. J'espère que la cour où vous êtes et le ministère y prendront quelque part, parce que cet événement pourra faciliter le chemin pour venir à l'accommodement en question.

Federic.

Nach Abschrift der Cabinetskanzlei.


305. AU CONSEILLER PRIVÉ DE MÜNCHOW A BRESLAU.

Schweidnitz, 13 mars 1741.

J'ai appris par votre lettre du 11 de ce mois ce que vous m'avez mandé du comte de Solms et du contenu de la lettre de son beau-