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410. AU MARÉCHAL DE FRANCE COMTE DE BELLE-ISLE A FRANCFORT SUR-LE-MAIN.

[Camp de Strehlen]. 1 juin 1741.

Je serai charmé de vous voir agir le plus vivement du monde à la tête des armées du Roi votre maître, mais je souhaiterais beaucoup que la Bavière voulût commencer le branle, et que la Suède, selon vos promesses, se mît bientôt en état d'agir. Vous savez que ce sont les points sur lesquels roule notre alliance, et que vous en êtes le garant. Faites mille assurances, s'il vous plaît, de ma plus parfaite estime à l'électeur de Bavière, je désire beaucoup de le voir devant ses troupes, et cela pour bonne raison. Ne m'oubliez pas, mon cher Maréchal, et donnezmoi un rendez-vous avec votre grande suite, le plus promptement qu'il vous sera possible. Je suis etc.

Federic.

Nach Abschrift der Cabinetskanzlei.


411. A L'ÉLECTEUR DE BAVIÈRE A NYMPHENBOURG.

Camp de Strehlen, 22 juin 1741.

Monsieur mon Cousin. Je suis bien aise que Votre Altesse Electorale ait vu avec satisfaction la façon dont je pense à Son égard; je puis L'assurer que l'inclination m'attache à Ses intérêts autant et plus que lapolitique, et je puis Lui protester qu'Elle aura en moi un ami inviolable. Ce ne sont pas de ces liens qu'un matin voit éclore et qu'un soir voit flétrir, mais des engagements qui n'auront pour borne que le cours de ma vie, terme le moins limité que les hommes puissent prescrire.

Je vous prie en un mot d'être persuadé que vous avez en moi un ami à toute épreuve, qui ne se démentira jamais, et qui se fait un point d'honneur de vous secourir de toutes ses forces; ce sont les sentiments avec lesquels je serai toujours, Monsieur mon Cousin, de Votre Altesse Électorale le très bon et très affectionné cousin

Federic.

Nach der Ausfertigung im Königl. Hausarchiv zu Berlin. Eigenhändig.


412. AU CARDINAL DE FLEURY A ISSY.

Camp de Strehlen, 24 juin 1741.1

Monsieur mon Cousin. Je me croisobligé de vous faire souvenir que les points principaux sur lesquels se fonde l'alliance que je viens de



1 Ueber die Audienz, die der Marquis Valory am 24. Juni bei dem Könige hatte, liegt sein Bericht, Breslau 1. juli, vor: „Le roi de Prusse m'appela et je le suivis dans la tente où il couche. Il commença par me dire avec assez de véhémence qu'il
     avait différé de prendre des engagements avec le Roi pour en être d'autant plus religieux observateur; mais qu'ilm'avertissait que, si la Suède n'agissait pas incessamment contre les Russes, que l'électeur de Bavière ne fît pas très promptement une diversion et ne fût pas mis en état, de la part du Roi, d'agir avec supériorité, et que les troupes françaises ne fussent pas dans le mois prochain en état d'entrer en Allemagne et le suivant dans le cœur du pays, on ne devait pas plus compter sur lui que sur les feuilles de novembre; qu'il ne voulait se perdre et prolonger uneguerre qui par ses suites ne pourrait tendre qu'à sa ruine et à celle de l'Allemagne: il n'est plus question de porter des coups à la sourdine. Le véritable intérêt du Roi est d'accabler tout d'un coup cette maison d'Autriche et de lui porter en six mois de temps des coups qu'elle ne pourra point parer et dont elle ne pourra aussi jamais se relever: si vous laissez le temps aux ligues de se former, ce sera une guerre qui par sa longueur nous consommera plus d'hommes et plus d'argent sanscomparaison que celui que vous dépenseriez à présent. C'est à ce prix-là que le Roi votre maître peut compter sur un allié inébranlable. Une longue guerre ne peut me convenir“ (bei Ranke, XXVII. XXVIII, 590).