<267>Passau, Linz et que, côtoyant le Danube, il marchât droit à Vienne. S'il trouve les ennemis en son chemin, il lui sera facile de les défaire, et en marchant à la capitale, il coupe la racine à l'arbre autrichien, dont la chute par conséquent doit s'en suivre. De plus, il sépare la Bohême d'avec l'Autriche, ce qui leur ôte leur dernière ressource et les met hors d'état d'agir l'année qui vient, au lieu que, sil'Électeur différait encore longtemps les opérations, les Autrichiens détacheraient un corps puissant vers les frontières, ce qui lui rendrait la guerre bien plus difficile et le succès incertain, et ce qui pourrait même changer le théâtre de la guerre, qui, au lieu de devoir être en Autriche, pourrait se transporter malheureusement en Bavière.

Mon avis serait donc d'entamer cette grande et glorieuse entreprise le plus tôt possible, et de profiter du bénéfice du temps.

Il faudrait aussi faire une alliance avec le roi de Prusse et se garantir réciproquement ses conquêtes, avec une clause de ne jamais faire, arrive ce qui pourra, de paix séparée.

Dies Schreiben nach der eigenhändigen Ausfertigung im Königl. Hausarchiv zu Berlin. Die Denkschrift nach dem eigenhändigen Concept; mit einigen Abweichungen mitgetheilt in der Histoire de mon temps, Œuvres II, 104.


415. AU CARDINAL DE FLEURY A ISSY.

Camp de Strehlen, 30 juin 1741.

Monsieur mon Cousin. J'aiété bien charmé de la lettre que vous venez de m'écrire, et flatté au possible de l'amitié du Roi votre maître, dont vous me donnez des assurances aussi fortes que positives. Le secret que vous me demandez ne s'éventera pas ici, ni par ma faute. M. Valory, qui est un très digne sujet, et qui sert son maître en fort honnête homme, joue son rôle on ne saurait mieux au monde, et exécute très religieusement les commissions dont il est chargé. Je profite de cette occasion pour vous envoyer, Monsieur, les réflexions que j'ai faites sur l'état présent de l'Europe; c'est un tableau vrai des opérations qui me paraissent être les plus convenables pour les intérêts de la France et de ses alliés. Vous pouvez à présent compter sur moi pour toute ma vie, comme étant le plus fidèle ami que le Roi votre maître puisse jamais avoir. Je vous prie d'être persuadé en votre particulier de la parfaite estime et de l'affection particulière avec laquelle je suis à jamais etc.

Federic.

Précis des raisons qui obligent le roi de France d'agir incontinent avec une partie de ses armées en Allemagne.

1° Le dessein du roi de France est d'abaisser la maison d'Autriche et de seconder pour cette fin le roi de Prusse et l'électeur de Bavière, qui se sont déclarés ennemis de la reine de Hongrie.

Voici le tableau du temps.