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48. AU COLONEL DE CAMAS A PARIS.

Ruppin, 11 août 1740.

Monsieur de Camas. Espérant de recevoir dans peu de vous une réponse claire et précise sur le contenu de ma précédente, j'ai cru à propos de vous avertir que, si mes affaires vont là-bas selon mes souhaits connus, je pourrai faire un petit tour en France pendant l'espace de quinze jours, pour avoir la satisfaction deconnaître personnellement le Cardinal et pour profiter de ses entretiens. Cependant, vous comprendrez aisément que c'est un secret qu'il né faut révéler à personne, outre que vous sonderez avec adresse ce ministre là-dessus, comme d'un cas qui pourrait arriver, sans pourtant lui dire que je vous en aie écrit. Je compte d'être à Wésel le 24 de ce mois, où j'espère d'avoir de vos nouvelles. Je suis etc.

Federic.

Nach der Ausfertigung.


49. AUX MINISTRES DU ROI A BRUXELLES, A LA HAYE, A PARIS ET A VIENNE.

Berlin, 12 août 1740.

Les peuples de ma libre baronie de Herstal, n'ayant pour la plus grande partie abusé jusqu'ici que trop de la patience qu'on a eue déjà du temps de feu le Roi mon père avec eux et leur esprit de révolte, l'ont poussé si loin qu'ils ont non seulement commis plusieurs attentats énormes contre l'autorité légitime de leur seigneur et maître, mais maltraité aussi mes officiers de justice, emprisonné sans aucun sujet légitime des officiers etsoldats de mes troupes, méprisé mes ordonnances, refusé de payer ce qu'ils ont toujours donné librement autrefois et qu'ils doivent contribuer à leur seigneur légitime, renversé l'ordre et la police, et enfin arboré dans toutes les formes, depuis plus de deux ans, l'étendard de la rebellion.

Il n'y apoint de voie de douceur qu'on n'ait tentée pour les ramener à leur devoir, mais la clémence dont on s'est servi envers eux jusqu'ici n'a fait que les enhardir et fortifier davantage dans leur détestable conduite, jusqu'à me refuser tout net toute sorte d'obéissance et de me prêter, comme cela s'est pratiqué toujours du tempsde mes prédécesseurs dans la possession de cette baronie, le serment de fidélité qu'ils me doivent. Comme tant de forfaits ne sauraient rester plus longtemps impunis, je me vois obligé, quoiqu'à mon grand regret, d'employer enfin la force, et de faire marcher un nombre suffisant d'infanterie et de cavalerie demes troupes, pour mettre à la raison ce peuple rebelle, et faire repentir les mutins de leur insolence, en protégeant ceux d'entre mes fidèles sujets de la susdite baronie qui ont été exposés jusqu'ici à la fureur de leurs indignes concitoyens, parce qu'on n'a pu les détacher