<338>occasions de tout mon pouvoir pour soutenir et favoriser ses desseins, et vous faites tomber sur la tête du roi de Pologne, qui vous a témoigné tout l'éloignement et toute la mauvaise volonté possibles, et qui ne vous sacrifie aucune de ses prétentions, une portionplus considérable qu'à l'électeur de Bavière et à moi des débris de la maison d'Autriche. Faut-il donc être l'ennemi des Français pour en être le plus favorisé? Faut-il vous être contraire pour acheter, par ce moyen, des provinces entières, sans tirer l'épée?

J'ai cru, en faisantla guerre, travailler pour le roi de France, pour l'électeur de Bavière, et pour moi; mais, tout au contraire, le fruit de mes travaux va grossir la puissance de notre ennemi commun. D'ailleurs, en cédant la Moravie au roi de Pologne, vous rendez la portion de l'électeur de Bavière très mince et très petite, et il me semble que, dans le plan d'abaisser la Russie, vous n'avez peut-être pas réfléchi que vous la releviez dans la personne de l'électeur de Saxe et lui donniez par son agrandissement le moyen de pénétrer en Allemagne, toutes les fois et quand il en aura envie, et de me séparer par conséquent entièrement de l'électeur de Bavière. Ce n'est point que je forme de nouvelles prétentions, je me contente des bords de la Neisse, cette ville et Glatz y comprises; mais j'écris principalement pour l'électeur de Bavière, et je suis du sentiment que la Moravie doit du moins le dédommager de la cession qu'il doit faire à la Saxe d'une partie de la Bohême et de la Haute-Silésie. Je suis persuadé que, lorsque vous aurez bien réfléchi sur ce que je viens de vous écrire, vous conviendrez avec moi qu'il n'est pas nécessaire de rendre la portion du roi de Pologne la plus grande des trois.

Quant à nos opérations militaires, M. de Valory pourra vous en faire rapport. Je me contente de vous dire en gros que j'ai marché à M. de Neipperg vers Frankenstein, que de là, j'ai fait une marche forcée pour gagner son camp de Neisse avant lui, mais qu'il m'a prévenu d'une demi-heure; qu'à présentil fait mine de me disputer le passage de la Neisse, mais que je la passerai malgré lui, après quoi je le crois hors de portée d'éviter la bataille.

J'espère que tous mes soins seront pour l'électeur de Bavière, et que vous ne me mortifierez pas au point d'enricher mon plus cruel ennemi d'un bien acquis au prix de mon sang. Je suis avec l'estime la plus parfaite, mon cher Maréchal, votre très fidèlement affectionné ami

Federic.

Nach Abschrift der Cabinetskanzlei.


511. AU ROI DE LA GRANDE-BRETAGNE A HANOVRE.

Camp de la Neisse, 16 septembre 1741.

Monsieur mon Frère et Cousin. Le sieur Schwicheldt m'a fait l'ouverture du traité de neutralité dont Votre Majesté a tracé le plan.