<4>renchériront, et plus je vous donnerai commission de parler haut sur l'affaire de la grande succession; et il faut faire accroire aux Français que je leur fais grande grâce, si je me relâche en leur faveur sur le duché de Juliers, et que je me contente de celui de Bergue.

S'ils entrent en négociation, il faut insister sur la démolition de la forteresse de Dusseldorf et appuyer beaucoup sur ce qu'elle soit remise in statu quo de l'année 1730. Vous pouvez prouver que nous n'avons point faitdu mouvement de ce côté-là, sinon que de ces cinq escadrons que nous avons fait marcher; ce qui n'est assurément point comparable avec tous les mouvements que les Palatins se sont donnés.

S'ils vous parlent du traité secret,1 vous n'avez qu'à vous retrancher surl'article 4, dont voici la teneur,2 et qui est fécond en ressources pour se justifier, si l'on veut rompre; en un mot, il faut leur faire envisager que, si la France veut entrer en liaison avec la Prusse, il faut absolument que ce soit sur des fondements solides; que je suis dans la ferme intention de remplir scrupuleusement mes engagements, mais que je n'entrerai point enaccommodement qu'après avoir pris toutes mes sûretés; en un mot, que si l'on voulait que je fusse bon Français, il fallait me faire des conditions que je puisse raisonnablement accepter.

Pour faciliter la négociation, promettez, comme en vous relâchant, qu'on ne fortifiera jamais Dusseldorf, et qu'on ne chargera jamais le cours du Rhinde nouveaux péages, et qu'on renoncera à Juliers pour jamais.

L'augmentation qui se fera dans mes troupes, pendant votre séjour de Versailles, vous fournira l'occasion de parler de ma façon de penser vive et impétueuse; vous pouvez dire qu'il était à craindre que cette augmentation ne produisît un feu qui mît l'incendie danstoute l'Europe, que le caractère des jeunes gens était d'être entreprenant, et que les idées d'héroisme troublaient et avaient troublé dans le monde le repos d'une infinité de peuples. Vous pouvez dire que naturellement j'aime la France, mais que si l'on me négligeait à présent, ce serait peut-être pour toujours et sans retour; mais qu'au contraire, si l'on megagnait, je serais en état de rendre à la monarchie française des services plus importants que Gustave-Adolphe ne leur a jamais rendus.

Vous ferez mille amitiés et civilités au Cardinal, vous payerez paroles veloutées de paroles veloutées, et les réalités d'autres réalités.



1 Der Haager Vertrag vom 5. April 1739.

2 Article 4: Comme l'importance du secret que l'on promet de continuer à observer de part et d'autre sur le présent traité, n'a pas permis de sonder encore quelles pourraient être les dispositions du sérénissime Électeur palatin sur les conditions d'un accommodement, Sa Majesté Très Chrétienne, immédiatement après la ratification du présent traité, et sans cependant en compromettrele secret, agira par toutes les voies les plus capables d'engager le sérénissime Électeur palatin a accepter le plan d'accommodement ci-dessus stipulé et à en donner son acte d'acceptation avec les renonciations réciproques en bonne et due forme.