<440>songe à remplir les engagements de ses prédécesseurs, qu'elle ne peut regarder que comme des usurpateurs. Il faut espérer que cela les rendra plus dociles l'une et l'autre que par le passé, et les engagera à ne plus se refuser aux arrangements que la situation générale des affaires rend nécessaires. Mais comme il faut supposer aussi qu'elles ne s'y rendront qu'à la dernière extrémité, et qu'elles remueront ciel et terre pour se raccrocher avec la Russie et pour la remettre dans leur parti, soit en gagnant ses ministres assez accessibles d'ailleurs à l'appât de l'argent, ou par des intrigues de courtisan, il faut que vous veilliez avec une attention extrême à ces sortes de menées et que vous fassiez tout au monde pour les contrecarrer et les faire échouer, à quoi je compte que la grande connaissance que vous avez des êtres de la cour de Russie, vous suggèrera assez de moyens. Il faudra surtout observer un certain chirurgien, Lestocq, homme que l'on me dépeint comme très intrigant et chaudement attaché aux intérêts de la maison d'Hanovre, et que l'on prétend avoir été assez avant dans les bonnes grâces de la nouvelle Impératrice. C'est souvent par des gens de mince étoffe que se frappent de grands coups; ainsi, s'il est vrai que cet homme ait encore conservé quelque crédit auprès de la Princesse, et qu'il n'y ait point de moyen de l'attirer dans mon parti, vous aurez une attentipn particulière d'éclaircir ses démarches pour ne pas être pris au dépourvu.

Vous n'oublierez pas, au surplus, de me faire de poste à l'autre des rapports exacts de la situation où les affaires se trouvent là-bas, tant à l'égard de l'intérieur de la cour et de l'empire qu'à celui des liaisons qu'on songe à former au dehors.

Federic.

H. de Podewils. C. W. Borcke.

Nach dem Concept


642. AU MINISTRE D'ÉTAT COMTE DE PODEWILS A BERLIN.

Potsdam, 23 décembre 1741.

Mon cher Podewils. Vu la relation de Mardefeld, La Chétardie a eu la part entière à la révolution de Russie; on ne jure que par la France dans ce pays-là, on veut faire sa paix avec la Suède, et l'on veut même leur céder Wiborg. Tout ceci donnera grand jeu à la France, et je crains qu'elle ne parle d'un ton trop impérieux, après les avantages qu'elle s'est procurés; pour observer donc de plus près la conduite du Cardinal, et pour approfondir les intentions du comte Poniatowski, de même que le sujet de sa mission, je veux envoyer Suhm à Paris, sans caractère, et sans que Le Chambrier ni qui que ce soit ne soient avertis de sa présence à Paris; il aura 3,000 écus de gages par an, et on lui payera mille écus d'avance pour qu'il puisse partir. Dressez ses instructions vous-même, pour qu'âme qui vive ne soit informée de la chose, et que qui que ce soit ne s'en puisse douter. Le