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102. AU COLONEL DE CAMAS A PARIS.

Ruppin, 14 octobre 1740.

Monsieur de Camas. Vos relations du 30 septembre et 2 octobre me sont bien parvenues, par lesquelles j'ai appris votre arrivée à la cour, et de quelle manière vous y avez été reçu, et ce qu'on y pense de mes différends avec l'évêque prince de Liège. Vous avez bien fait d'assurer le Cardinal de ma modération, et il en verra peut-être dans peudes épreuves. Quant aux insinuations du ministre de Bavière, j'approuve la conduite que vous avez tenue; vous pouvez aussi cultiver cette connaissance, et le persuader de la favorable disposition où je me trouve par rapport aux intérêts de son maître. Mais pour ce qui regarde l'affaire de Juliers et de Bergue, vous devez prendre garde de ne faire aucune avance ni ouverture, parcequ'il suffira de l'attendre d'eux, et de les faire parler lespremiers. Je suis etc.

Federic.

Nach der Ausfertigung.


103. AU CONSEILLER PRIVÉ DES FINANCES DE BORCKE A VIENNE.

Berlin, 15 octobre 1740.

Les dispositions que lacour de France fait présentement en Flandre, et surtout aux environs de Dunquerque, faisant craindre aux États Généraux que la guerre ne s'y allume plus tôt qu'on ne pense, ils ont envoyé des ordres secrets à leurs ministres à Vienne et à Bruxelles de faire des instances pressantes, afin que l'Empereur songe de bonne heure à mettre les Pays-Bas en état de défense, et à fournir les troupes qui manquent dans les places de la barrière, conformément au traité, et les mettre en état de faireune vigoureuse résistance.

Il m'importe de savoir de quelle manière la cour impériale y répondra. Quelque pressant que soit le danger qui menace les Pays-Bas, et quelque justes que soient les représentations des États-Généraux, je doute qu'elle y fasse l'attention requise. Ce qui me confirme dans cette pensée, c'est quej'apprends d'ailleurs qu'elle est extrêmement piquée contre les Puissances Maritimes, et se plaint amèrement et avec des menaces du peu de facilité qu'elles ont apporté pour terminer les différends qui font l'objet des conférences d'Anvers. Il est vrai que de si faibles sujets de plainte devraient céder à des considérations plus importantes, et ne pas empêcher la cour impériale de concourir à des mesures dont paraît dépendre le maintien de l'équilibre d'Europe et la sûreté etconservation de son propre État. Mais je doute fort que, dans l'épuisement total des finances où l'on se trouve à Vienne, on soit en état de pourvoir à temps à ces sortes de besoins pressants.

En attendant, vous veillerez avec attention sur ce qui se passera à cet égard, et vous ne négligerez rien pour vous mettre au fait des