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J'avoue que cette démarche peu amiable et inouie même jusqu'ici dans l'Empire, de sonner le tocsin publiquement contre un de ses principaux membres, sans l'en avoir averti auparavant amiablement, m'a également frappé et scandalisé, et je me serais attendu à un peu plusde ménagement et d'amitié de la part de la cour impériale dans mon commencement de règne, où j'ai recherché avec empressement toutes les occasions pour convaincre l'Empereur de mon zèle, de mes bonnes intentions, et de mon attachement sincère à ses intérêts. Mais je vois bien qu'on débute fort mal avec moi, et cet échantillon me doit servir d'avis à quoi je dois m'attendre dans des choses de plus grande importance de la part de la cour impériale.

Vous ne devez point dissimuler tout cela au ministère de l'Empereur, et vous en plaindre hautement, comme d'une démarche qui m'a été d'autant plus sensible que je ne crois pas l'avoir méritée envers l'Empereur, et d'une irrégularité dont il n'y a peut-être point d'exemple dans toute l'histoire, de faire publier un décret de commission contre un électeur etprince de l'Empire, avant d'avoir, par des lettres déhortatoires, essayé de le faire désister de ce dont on croit avoir raison de se plaindre, et dans le temps où on sait que l'affaire dont il a été question est en termes d'accommodement.

Mais cette démarche ne peut que tourner à laconfusion de ceux qui ont donné ces conseils violents à l'Empereur, et qui ont surpris la religion de ce prince, en l'engageant mal à propos et avec tant de précipitation dans une affaire qui fait, si j'ose le dire, fort peu d'honneur à la modération et au jugement d'un ministère aussi éclairé que celui de la cour de Vienne. Heureusement que ces mauvaises intentions contre moi ont porté à faux cette fois-ci; et le traité d'accommodement entre moiet l'évêque et prince de Liège a été conclu et signé ici le 20 de ce mois, avec les ministres de ce prince, chargés de ses pleins-pouvoirs et de ceux des États de la principauté de Liège, le tout étant par là fini avec une satisfaction réciproque des deux parties. De sorte que la cour impériale aurait bien pu se passer de la précipitation avec laquelle elle s'est déclarée d'une manière si peu amiable contre moi, et dont je me souviendrai en temps et lieu.

Mais cela fait voir en même temps que vous avez été fort mal instruit jusqu'ici des véritables sentiments de cette cour à mon égard, et surtout que vous avez été la dupe de sa modération affectée sur ce sujet.

Federic.

H. de Podewils.

Nach der Ausfertigung.


111. AU MINISTRE D'ÉTAT DE PODEWILS A BERLIN.

Ruppin, 23 octobre 1740.

Ayant vu par la vôtre du 22 de ce mois que vous avez choisi une tabatière d'or de Gozkowski de la valeur de 230 écus avec mon