<83>

124. AU CONSEILLER DE LÉGATION D'AMMON A DRESDE.

Berlin, 31 octobre 1740.

J'ai reçu votre dépêche du 24 de ce mois sur la mort de l'Empereur et les grandsmouvements qu'on se donne à Dresde pour profiter des conjonctures présentes, quoiqu'on n'y ait point été préparé. Le roi de Pologne sera sans doute de retour à Dresde avant l'arrivée de celle-ci, et vous avez fort bien fait d'être resté dans votre poste, et de n'en point bouger jusqu'à nouvel ordre, la situation présente des affaires demandant plus que jamais que vous m'informiez avec toute l'exactitude et tout le détail possible, comme vous l'avezfait jusqu'ici à ma grande satisfaction, des mesures qu'on pourrait prendre à la cour où vous êtes, après un événement de cette nature.

On saura peut-être déjà à Dresde que la cour de Vienne fait défiler en grande diligence 24,000 hommes1 vers la Moravie, pour tenir la Saxe et la Bavière en bride, à ce que l'onprétend, et pour les empêcher l'une et l'autre d'entreprendre quelque chose contre la Bohême et l'Autriche. Ainsi je suis curieux de voir et d'apprendre quel parti la cour de Saxe choisira maintenant, et si elle voudra aller à la sappe ou bien ouvertement, pour se procurer les avantages auxquels elle a visé il y a longtemps, et dont elle ne croquera que d'une dent, sans le secours ou un concert préalable avec ses voisins.

Il y a de l'apparence qu'elle s'entend avec la Bavière sous main, leurs prétentions et leurs vues étant d'une même nature, et j'espère que vous serez en état de me mander, avec autant de certitude que cela se peut, les arrangements qu'on a commencé de faire, soit en faisant défiler des troupes vers la Bohême et la Silésie, soit pour dresser des magasins ou d'autres dispositions qui pourraient dénoter une levée de boucliers, et comment on prétend la soutenir en cas qu'on s'y porte.

Vous vous informerez aussi soigneusement sous main des intentions de la cour où vous êtes à l'égard de l'élection future d'un empereur, si elle couche elle-même en vue cette dignité, ou pourquel candidat elle penche le plus.

Vous ne manquerez pas de m'informer tous les ordinaires de tout cela, en vous servant pour les choses secrètes de votre chiffre; mais en cas que la cour de Dresde dût faire entrer ses troupes soit en Bohême, soit en Silésie, et que vous en soyez informé à n'en pouvoir pas douter, vous me le manderez incessamment par une estafette ou par un courrier sur la fidélité duquel vous pouvez vous reposer entièrement.

Federic.

H. de Podewils.

Nach dem Concept.



1 Dass man demnächst 24,000 Mann zur Verfügung zu haben hoffe, meldet Borcke am 22. October aus Wien. Vergl. auch die vorige Nummer.