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142. AU MINISTRE D'ÉTAT DE PODEWILS A BERLIN.

[Rheinsberg] ce 8 [novembre 1740.]

Mon cher Podewils. J'ai donné ordre aux régiments de l'expédition d'acheter chevaux et de se tenir prêts à la marche, et en même temps je fais payer toutes les sommes qu'il faut pour les équipages. Débitez à Berlin que j'ai reçu nouvelles que le Palatin a évanouissements, et que l'on craint pour sa vie; je vous prie, faites bien mon charlatan et prenez du meilleur orviétan et du bon or pour dorer vos pillules. Adieu.

Federic.

Nach der Ausfertigung. Eigenhändig.


143. AU CONSEILLER PRIVÉ DES FINANCES DE BORCKE A VIENNE.

Berlin, 8 novembre 1740.

Votre dépêche du 29 d'octobre, touchant la prétention de la cour de Bavière sur la succession d'Autriche, et la déclaration que le comte de Perusa, ministre del'électeur de ce nom, a faite de la part de son maître, m'est bien revenue.

Cela vérifie entièrement ce que je vous ai mandé déjà par mes précédentes, et on peut compter à Vienne que la cour de Bavière ne se serait pas portée à cette levée de boucliers, si elle n'avait pas pris ses mesures là-dessus avec la France, et que, pour se soutenir, elle ne fût moralement assurée de son secours et de son assistance.

Il ne faut pas douter que l'électeur de Bavière ne tâche de prendre possession, là où il pourra et où il croira trouver le moins de résistance; puisqu'ilsera impossible que la cour de Vienne puisse d'abord tout d'un coup tellement garnir toutes ses provinces limitrophes de la Bavière qu'il n'en reste toujours de dégarnies et assez ouvertes pour donner beau jeu aux Bavarois, qui ont, outre leurs troupes régulières, une excellente milice de15,000 hommes sur pied, et qui sont assurés d'avance de l'affection des peuples de ces provinces, las de la domination d'Autriche.

La cour de Dresde n'attend que ce commencement de branle pour se jeter sur la Silésie et sur la Bohême, et elle ne fait point la petite bouche, ainsi que je vous l'ai mandé déjà, de lever la masque, dès que la maison de Bavière le fera.

Je suis curieux de quel bois on se chauffera maintenant à Vienne, et ce qu'on voudra faire pour ceux qui doivent la sauver, comme aussi quelle contenance tient le marquis de Mirepoix en tout cela, et s'il ne rit pas sous cape de l'embarras où l'on se trouve.

Au reste, vous avez fort bien répondu aucomte de Perusa, et, s'il revient à la charge, vous pouvez continuer à lui dire que vous