34. AU CONSEILLER BARON LE CHAMBRIER A PARIS.

Berlin, 23 juillet 1740.

Je suis informé de bonne main que l'électeur de Cologne vient de recevoir, par le canal de divers banquiers tant à Cologne qu'à Francfort, des sommes très considérables, qu'on fait monter à 500,000 florins d'Allemagne; que ces payements se sont faits avec beaucoup de mystère, non pas directement à l'Électeur, ni à sa caisse, mais à son conseiller privé Giovanni, et au nommé Hœsch, qui est son secrétaire de cabinet; quemalgré ces précautionson a découvert que cet argent est effectivement entré dans la caisse électorale, et a été employé à payer ses dettes, etque de plus une bonne partie des lettres de change qui ont servi à retirer ces payements, vient d'un trésorier de France, nommé Montmartel; que cet argent a mis l'Électeur en état de faire le voyage de Hollande, et que l'on présume qu'il aura une entrevue avec le marquis de Fénelon, soit à Amsterdam ou à Aix-la-Chapelle.

Toutes ces circonstances annoncent un traité secret entre la France et l'électeur de Cologne, et il est très vraisemblable que ce traité est non seulement entamé, mais encore conclu, quoiqu'à l'insu du chapitre de Cologne.

Vous concevrez aisément qu'il m'est de la dernière importance d'être instruit au juste de ce qui en est, et en quoi consistent les engagements que l'Électeur a pris avec la France. Aussi n'épargnerèzvous aucun soin ni peine pour découvrir ce mystère, afin que j'en sois informé pleinement, et d'une manière à pouvoir faire fond là-dessus.

Connaissant, comme je fais, votre habileté et votre zèle pour mon service, je ne doute nullement que vous n'y réussissiez, et j'attends avec impatience le rapport que vous me ferez sur ce sujet.

Federic.

Thulemeier.

Nach dem Concept.