282. AU MINISTRE D'ÉTAT DE PODEWILS A BERLIN.

Ruppin, 7 février 1741.

Monsieur de Podewils. J'ai reçu votre représentation du 5 de ce mois par laquelle vous me faites part de la conversation que vous avez eue avec le marquis Valory. J'approuve la manière dont vous avez répondu à ses attaques, et je vois par vos réflexions sur la façon de traiter que vous êtes au fait des maximes et de l'intention de sa cour, contre laquelle nous avons sujet de nous mettre en garde. Au reste, ce ministre m'ayant écrit sur le même ton, je vous envoie sa lettre et ma réponse avec la copie, qui vous ouvrira le champ de lui détailler les raisons que j'ai de n'aller pas si vite dans l'affaire en question. Je me fie à votre savoir-faire et dextérité et je suis etc.

Federic.

P.S.

Vous éviterez soigneusement de donner de l'ombrage au marquis de Valory, parce qu'il convient à mes intérêts de conserver la France, en cas que les Maritimes et la Russie voulussent faireles méchantes. C'est pourquoi vous devez fortifier l'espérance du susdit ministre que je suis véritablement porté pour une alliance avec le Roi son maître, en lui faisant comprendre que les éclaircissements demandés sur les points en question étant fondés sur la raison et tendant au même but, on aurait tort de s'en alarmer; que, quoique je me trouve de l'inclination pour une liaison avec l'électeur de Bavière, auquel je souhaite de donner ma <192>voix, il me faudrait pourtant quelque lumières sur la nature de l'assistance que la France prêtera à ce prince pour le mettre en état de poursuivre avec vigueur ses desseins; que je me souviens que dans la négociation sur l'affaire de Juliers etde Bergue, la France s'est toujours excusée de pouvoir rendre notre portion plus grande, parce qu'elle n'oserait pas désobliger la maison de Bavière, anciennement liée à cette couronne; ainsi on en doit conclure avec fondement qu'elle s'efforcerait à la soutenir fortement, quand il s'agira d'appuyer ses intérêts les plus solides et les plus chéris; que cette conduite me ferait juger, par ce qu'on fera pour le nouveau allié, de ce que moi, comme le nouvel allié, s'en pourrait promettre.

Quant à ce qui regarde la cour de Dresde, vous pouvez lui dire que mes intérêts ne souffriraient guère de lui donner ma voix pour la couronne impériale; que, ses menées m'étant connues, il est juste de me démontrer comment on s'y prendrait pour l'empêcherde m'être contraire dans l'affaire de Silésie, et porter ce prince à s'unir avec la France et avec moi. Vous assaisonnerez toutes ces raisons le mieux qu'il vous sera possible. Je suis etc.

Federic.

Nach der Ausfertigung.