414. A L'ÉLECTEUR DE BAVIÈRE A NYMPHENBOURG.

Camp de Strehlen, 30 juin 1741.

Monsieur mon Cousin. Je prends la liberté d'envoyerà Votre Altesse Électorale quelques réflexions que j'ai faites sur la situation présente où Elle Se trouve, par rapport aux conjoncturesdutemps. J'espère qu'Elle voudra les interpréter comme une marque dela sincère amitié que j'ai pour Sa personne, et de la véritable part que je prends à Ses intérêts. J'attends avec bien de l'impatience d'apprendre d'agréables nouvelles des heureux succès qu'auront les entreprises de Votre Altesse; vous pouvez être persuadé que je seraile premier à m'en réjouir, étant avec l'estime et l'amitié la plus parfaite, Monsieur mon Cousin, de Votre Altesse Électorale le très affectionné ami et cousin

Federic.

Raisons qui doivent engager l'électeur de Bavière d'agir le plus tôt possible en Autriche.

L'alliance du roi de Prusse débarrasse l'électeur de Bavière d'une grande partie des forces autrichiennes, il ne peut donc jamais agir d'une façon qui lui soit plus avantageuse, qu'en attaquant ses ennemis lorsqu'ils sont faibles. Pour faire donc un grand coup, il faudrait qu'il prît <267>Passau, Linz et que, côtoyant le Danube, il marchât droit à Vienne. S'il trouve les ennemis en son chemin, il lui sera facile de les défaire, et en marchant à la capitale, il coupe la racine à l'arbre autrichien, dont la chute par conséquent doit s'en suivre. De plus, il sépare la Bohême d'avec l'Autriche, ce qui leur ôte leur dernière ressource et les met hors d'état d'agir l'année qui vient, au lieu que, sil'Électeur différait encore longtemps les opérations, les Autrichiens détacheraient un corps puissant vers les frontières, ce qui lui rendrait la guerre bien plus difficile et le succès incertain, et ce qui pourrait même changer le théâtre de la guerre, qui, au lieu de devoir être en Autriche, pourrait se transporter malheureusement en Bavière.

Mon avis serait donc d'entamer cette grande et glorieuse entreprise le plus tôt possible, et de profiter du bénéfice du temps.

Il faudrait aussi faire une alliance avec le roi de Prusse et se garantir réciproquement ses conquêtes, avec une clause de ne jamais faire, arrive ce qui pourra, de paix séparée.

Dies Schreiben nach der eigenhändigen Ausfertigung im Königl. Hausarchiv zu Berlin. Die Denkschrift nach dem eigenhändigen Concept; mit einigen Abweichungen mitgetheilt in der Histoire de mon temps, Œuvres II, 104.