640. AU GRAND-MAITRE DE L'ARTILLERIE BARON DE SCHMETTAU A PRAGUE.

Berlin, 21 décembre 1741.

Votre relation du 17 sous N° 23 m'est bien parvenue par le courrier du Prince Léopold, et j'ai été très satisfait d'y voir que les troupes saxonnes viendront d'être postées de la manière que je l'ai proposé; et, pour plus grande sûreté de mes troupes qui s'avancent, j'espère qu'on prendra les mesures pour occuper en même temps par les Saxons Hohenmauth et Leutomischl, afin que l'ennemi ne s'y puisse nicher, le prince Léopold d'Anhalt me mandant qu'autrement les régiments avancés de mes troupes, comme Derschau, Jeetz et Prince-Maurice, n'auront guère de repos et courraient grand risque d'y être affrontés par l'ennemi. C'est ce qu'il faut pourtant absolument éviter. La nouvelle du changement du maréchal de Belle-Isle avec le-maréchal de Broglie ne me plaît nullement, et j'ai trouvé très nécessaire d'en écrire une lettre au Cardinal, laquelle j'ai envoyée par un courrier exprès. Vous trouverez ci-jointe la copie de ma dite lettre, laquelle vous devez montrer sans la moindre perte de temps au maréchal de Belle-Isle; et certainement, si ledit changement n'est redressé, cela dérangerait infiniment nos affaires, qui à l'heure qu'il est sont dans un très bon pli.

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Quant au capitaine des hussards ratiens438-1 dont vous faites mention dans la vôtre, vous devez en parler au maréchal de Belle-Isle, que afin pour l'amour de moi il le laisse retourner du côté de Bude. Si ce capitaine438-2 lève pour moi une escadron de hussards, il en sera le capitaine; s'il en peut lever un régiment, il sera colonel. Pour le prêtre grec ou pope,438-3 j'en souffrirai tant qu'il trouvera nécessaire. Ce que le nommé Gillinger438-4 vous a donné à entendre, me paraît tout-à-fait chimérique et hors de saison, et s'il revenait à la charge, vous lui direz que vous n'étiez pas instruit là-dessus, et, que ce n'est point une affaire dont vous vous mêliez. Quant au capitaine Grape,438-5 je ne vois point par quelle raison je lui devrais conférer l'ordre, ne m'ayant jamais servi, et, s'il a bien fait, il me semble que c'est à son maître de l'en récompenser.

Touchant l'augmentation dé troupes que le roi de Bohême a envie de faire, elle ne me saurait être indifférente, et je crois même qu'il a raison de la faire, ses troupes étant les plus faibles en nombre. Vous manierez cela d'une manière que nos levées n'en souffrent aucunement.

Au reste, vous vous concerterez en tout avec le prince Léopold, et contribuerez de votre possible afin que mes troupes en Bohême ne soient pas exposées et qu'elles puissent jouir d'un repos nécessaire après tant de fatigues qu'elles ont souffertes. Je suis

Federic.

Nach dem Concept.



438-1 Sic.

438-2 Geborner Schlesier, der, bei der Eroberung von Prag gefangen, in preussische Dienste zu treten wünscht.

438-3 Welchen der König, wie Schmettau meint, den anzuwerbenden Raitzen gestatten müsste.

438-4 Commissar des fränkischen Kreises, der die Hoffnung ausgedruckt hat, der König von Preussen werde die nach Berlin gehenden württembergischen Prinzen lutherisch erziehen lassen.

438-5 Französischer Officier im Regiment Comte de Saxe, der sich bei der Einnahme von Prag ausgezeichnet hat und, weil er als Lutheraner den Ludwigsorden nicht bekommen kann, um den preussischen Orden pour le mérite bittet.