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6070. AU SECRÉTAIRE MICHELL A LONDRES.

Berlin, 13 octobre 1753.

En conséquence de votre dernier rapport du 2 de ce mois,1 il faut que j'apprenne bientôt par vous comment le ministère anglais se sera décidé sur l'affaire des subsides prétendus de la Russie. Si le Roi le souhaite aussi ardemment que vous le dites, je crois que les Pelham seront obligés de plier, et c'est alors qu'il faut que vous vous appliquiez bien d'approfondir si les ministres anglais se borneront à promettre quelque chose de précis pour l'année prochaine, et quand le nouveau Parlement sera assemblé, ou si effectivement ils donneront de l'argent à la Russie, et, dans ce cas-là, s'ils s'engageront à payer des subsides pour un temps de paix, ou s'ils pousseront au point de vouloir donner même des subsides pour un temps de guerre et ratifier par conséquence toute la convention telle que les ministres de Russie l'ont proposée, et dont je vous ai déjà informé de son contenu.2 Songez à m'en instruire bien précisément de tout ceci.

Federic.

Nach dem Concept.


6071. AU LORD MARÉCHAL D'ÉCOSSE A FONTAINEBLEAU.

Potsdam, 16 octobre 1753.

J'accuse la bonne réception de la dépêche que vous m'avez faite en date du 5 de ce mois. Si M. de Contest persiste à ne point vouloir parler le premier au lord Albermarle sur mes différends avec l'Angleterre et sur les conditions que j'ai confiées à la France comme mon ultimatum,3 je suis persuadé qu'il a ses bonnes raisons pour cela, et je ne disconviens pas de celles qu'il vous en a alléguées; je souhaiterais cependant que, si l'occasion se trouvait, et que le ministère parût devenir plus docile qu'il ne paraît actuellement, alors M. de Contest ne la laissât point passer pour mettre le ministère anglais au pied du mur.

L'ordinaire dernier, je n'ai point eu des lettres de Londres; mes dépêches antérieures vous ont instruit que c'est principalement le ministre autrichien, comte Colloredo, qui remue, pour ainsi dire, ciel et terre afin de disposer les ministres d'Angleterre de lâcher les cordons de la bourse et de donner de l'argent à la Russie, ne fût-ce qu'un subside de paix de 70,000 livres sterling. Quoique jusqu'à présent les susdits ministres ont tenu ferme et n'ont point voulu s'y prêter, le grand empressement du Roi pour avoir un corps de troupes de Russie à sa disposition en Livonie, les discours du lord Carteret qui l'appuient, et les mouvements forts que le comte Colloredo se donne, ont toujours ébranlé le ministère anglais, de sorte que, selon mes dernières lettres de



1 Vergl. die vorigen Nummern.

2 Vergl. S. 22.

3 Vergl. S. 56.