<135> ridicules que malicieuses,1 dont le susdit Prince a fait revenir entièrement le roi de Danemark. Il a développé d'ailleurs qu'il s'est agi de quelque chose à la cour de Danemark contre les intérêts de la cause commune, sans cependant pouvoir dire au juste ce dont il a été question ; il lui paraît maintenant qu'on a rompu cette négociation, bien qu'on voudrait ménager la chèvre et le chou, et que le Roi avait déclaré qu'il voudrait garder les bras libres. Enfin, j'ai tout lieu d'espérer que la présence de ce Prince à la susdite cour ne laissera pas de faire du bien aux intérêts communs de la France et de moi. Au reste, l'on m'avertit que, dans les circonstances où les affaires étaient là, où il s'agissait d'un renouvellement d'alliance avec la France, il serait de la dernière importance que celle-ci s'assurât de la cour de Danemark, le plus [tôt] qu'il serait possible; car, selon la disposition où étaient les principaux de cette cour, ils seraient capables d'agir dans les occasions directement contre les intérêts de la cause commune. Vous donnerez avis de ceci à M. de Saint-Contest, en le priant de vouloir bien me ménager la confidence que je lui en fais faire par vous.

Federic.

Nach dem Concept.


6082. AU LORD MARECHAL D'ÉCOSSE A FONTAINEBLEAU.

[Berlin], 23 [octobre 1753].

J'ai le bonheur, mon cher Milord, d'être très indifférent sur tous les propos et sur tous les écrits qu'on débite sur mon compte,2 et même je suis tout glorieux de valoir des honoraires à un pauvre auteur qui mourrait peut-être de faim sans toutes les injures qu'il me dit. J'ai toujours méprisé les jugements du public et je n'ai considéré dans ma conduite que l'aveu de ma conscience. Je sers l'État avec toute la capacité et toute l'intégrité que la nature m'a départies; quoique mes talents soient faibles, je n'en suis pas moins quitte envers l'État, car on ne saurait donner plus qu'on a soi-même, et d'ailleurs c'est une des choses attachées au caractère de personne publique que de servir de plastron à la critique, à la satire, souvent même à la calomnie. Tous ceux qui ont gouverné des États sous les titres de ministres, de généraux, de rois, ont essuyé des brocards; je serais fort fâché d'être le seul qui eût un sort différent, je ne demande point de réfutation du livre, ni punition de l'auteur, j'ai lu ce libelle avec beaucoup de sang-froid et l'ai même communiqué à quelques amis. Il faut être vain plus que je ne suis pour se fâcher de ces sortes d'éclaboussures que tout passant peut recevoir en son chemin, et il faudrait être moins philosophe que je le suis pour se croire parfait et au-dessus de la critique. Je vous assure, mon cher Milord, que les injures de l'auteur anonyme n'ont pas répandu le moindre nuage sur la sérénité de ma vie, et qu'on ferait encore dix



1 Vergl. S. 130.

2 Vergl. S. 59 Anm. 3.