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Vous ferez d'ailleurs bien remarquer à M. de Contest combien il était à présumer que la cour de Vienne, après avoir fait faire le premier pas aux ministres anglais conformément à ses vues, ne laisserait pas de leur faire faire encore un pas après l'autre, jusqu'à ce qu'elle fût parvenue à ses pernicieux desseins; car, pour le présent, il est aisément à comprendre que d'un côté le ministère anglais n'a cherché qu'à gagner du temps par la résolution ci-dessus mentionnée, afin de ne pas rebuter les deux cours impériales, et que d'un autre côté le ministère veut parvenir à son but, sans s'exposer vis-à-vis de la nation, Reste à voir encore ce qui s'est passé dans la conférence secrète qui s'est tenue, comme j'ai dit ci-dessus, dans la maison du ministre Münchhausen.

Au reste, mes lettres de Londres m'assurent toujours que, pourvu qu'on saurait ôter cette pierre d'achoppement par rapport à la dette de Silésie et s'en accommoder avant l'été prochain, l'on ôterait par là aux ministres anglais mal intentionnés contre moi tout prétexte et motif pour entraîner la nation dans leurs vues et abandonnerait peut-être le projet de la ligue du Nord.

Enfin, vous vous entretiendrez sur tout ceci avec M. de Saint-Contest et me ferez un rapport bien circonstancié et avec tout le détail possible comment il a avisé sur toutes ces circonstances, qui méritent la plus grande attention.

Federic.

Nach dem Concept.


6088. AU SECRÉTAIRE VON DER HELLEN A LA HAYE.

Von der Hellen berichtet, Haag 19. October : „Il m'est revenu que le sieur Swart a mandé depuis peu, dans une de ses lettres secrètes, qu'il était arrivé à Moscou un Français nommé Monbrun qui avait demandé d'abord avec beaucoup d'empressement après le ministre de Suède, et qu'il courait un bruit qu'il se trouvait chargé d'une commission particulière auprès du Grand-Duc de la part de Votre Majesté.“

Potsdam, 27 octobre 1753.

J'ai compassion des gens qui sont dans le cas d'ajouter croyance aux bruits pitoyables qui, selon votre rapport du 19 de ce mois, courent sur le sujet des commissions dont le nommé Monbrun, arrivé à Moscou, devait être chargé de ma part.

Ceux qui connaissent ledit Monbrun, ne sauraient ignorer son caractère, et il s'ensuit naturellement que ce ne sauraient être que d'indignes calomniateurs qui m'attribuent de pouvoir prendre sur moi d'employer dans mes affaires des gens d'un tel caractère et même de les envoyer en Russie.

Au reste, je me repose sur vous que vous ferez tout ce qui dépendra de vous, pour pénétrer quel peut être le grand objet sur lequel devra rouler la déliberation des États de Hollande dont la convocation vient d'être renvoyée au 7 de novembre prochain, et vous ne manquerez