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6092. AU CONSEILLER PRIVÉ DE LÉGATION HELLMUTH- BURCHARD DE MALTZAHN A STOCKHOLM.

Rohd berichtet, Stockholm 19. October, über eine Conferenz mit Höpken, der ihm u. A. gesagt hat: „Que le roi de Danemark était porté personnellement pour le maintien de son alliance avec la Suède, et que le comte de Moltke, son favori, était tout-à-fait dans les mêmes sentiments, qu'ainsi le baron de Bernstorff se ruinerait dans la confiance du Roi, s'il osait heurter de front ce système, et qu'au pis-aller il lui faudrait bien du temps, avant que de pouvoir y arriver … Qu'il croyait très nécessaire de cacher ces soupçons, autant que faire se pourrait, vu que déjà on faisait des insinuations de différents endroits que le ton sur lequel la cour de Berlin traitait les affaires, était si impérieux qu'il n'y avait pas moyen d'y tenir; qu'on y était trop entreprenant, qu'on ne s'y souciait plus d'aucune balance dans le système de l'Europe, et que, vis-à-vis d'elle, la France ne jouait plus que le second rôle. Que ces sortes d'insinuations venaient d'être faites à lui-même, d'où il pouvait aisément conclure qu'on avait bon soin de les semer de tous côtés, et qu'il n'avait pas cru pouvoir se dispenser d'en avertir Votre Majesté, pour mieux faire sentir la nécessité de cacher les soupçons contre le Danemark, quelque bien fondés qu'ils pourraient être.“

Berlin, 6 novembre 1753.

J'ai reçu le rapport que vous m'avez fait du 19 du mois passé. Comme je crois M. de Rohd actuellement sur son retour et ne doute pas qu'il ne vous ait communiqué la minute de son rapport à la même date qu'il m'a adressé immédiatement, je veux vous dire seulement là-dessus que j'ai été un peu frappé du pitoyable raisonnement que le baron de Hœpken, dont j'estime d'ailleurs infiniment les qualités personnelles, a tenu à lui, de Rohd, touchant le baron de Bernstorff, et que ce que le susdit ministre a d'ailleurs dit à M. de Rohd par rapport aux insinuations de différents endroits touchant la manière dont je traitais avec la cour de France, m'a fait mal au cœur par cet amas de calomnies des plus grossières dont on veut me charger, de sorte que vous ne devez point entrer sur de pareilles misères; aussi ce que je vous marque à ce sujet ne doit être que pour votre direction seule.

Federic.

Nach dem Concept.


6093. AU LORD MARÉCHAL D'ÉCOSSE A FONTAINEBLEAU

Potsdam,8novembre 1753.

Les rapports que vous m'avez faits du 25 et du 28 du mois dernier d'octobre, me sont heureusement parvenus. Il sera nécessaire qu à la fin vous parliez bien sérieusement à M. de Saint-Contest; comme le biais que le roi d'Angleterre prend, commence a devenir sérieux, il faut nécessairement entrer en explication avec le susdit ministre. Je me suis tu bien longtemps, lorsque les Russes ont été assemblés sur mes frontières, et je n'en ai dit aucun mot, pour ne point inquiéter les Français mal à propos; mais à présent, comme il s'agit de voir éclater une nouvelle guerre ou de travailler incessamment pour l'éviter, je suis oblige