<152> les allures et les menées de la cour où vous êtes, afin de parvenir par là à ce que la France prenne de justes ombrages et de la jalousie des vastes desseins de la cour impériale.

Je vous fais communiquer par la dépêche ordinaire du département des affaires étrangères à la suite de celle-ci ce qui m'est revenu en dernier lieu par mes lettres de Londres des propos que le comte Colloredo y doit tenir, pour prêcher aux Anglais la nécessité de pourvoir les Pays-Bas d'une nombreuse armée et d'accorder plutôt des subsides à la cour de Vienne que de convenir des contingents pour le rétablissement de la Barrière. J'attends encore la confirmation de ceci, avant que d'y donner entièrement foi; l'on m'assure, en attendant, que ces propos n'avaient pas fait jusqu'à présent tout-à-fait fortune, et que la plupart des ministres anglais n'avaient donné que malgré eux leur consentement au traité qu'on signerait avec la Russie, et qu'ils avaient avoué à leurs amis qu'ils seraient charmés d'avoir un prétexte pour en éluder la conclusion.

Au reste, plus vous saurez indisposer le ministre d'Espagne contre la cour de Vienne, plus vous rendrez service à mes intérêts.

Federic.

Nach dem Concept.


6100. AU SECRÉTAIRE MICHELL A LONDRES.

Potsdam, 13 novembre 1753.

J'ai bien reçu à la fois les rapports que vous m'avez faits du 30 d'octobre dernier et du 2 de ce mois, et vous sais parfaitement gré des avis que vous m'avez donnés sur différents sujets qui intéressent mon attention. Cependant, je dois trouver un peu étranges les discours que vous attribuez à quelques-uns des ministres anglais, qui, selon vous, ont été entraînés de donner malgré eux leur consentement au traité à signer avec la Russie, mais qui déclarent à leurs amis que la conduite que j'avais tenue vis-à-vis de la nation, leur avait fermé la bouche et [les avait] obligés à donner tête baissée dans de telles mesures, de sorte que j'aurais été bien aise que vous vous fussiez expliqué plus intelligiblement là-dessus, vu que la conduite que j'ai tenue envers l'Angleterre par rapport à mes différends avec elle, est celle que tout souverain aurait tenue, quand il aurait été dans le cas où je suis relativement à elle, et que je ne trouve rien à changer là-dessus. Aussi, quand les susdits ministres ne voudront point accommoder ces différends par les voies que la France leur proposera, je ne vois plus moyen d'y parvenir.

Au surplus, je serai bien aise que vous sachiez leur faire insinuer adroitement que c'était depuis assez de temps que j'avais confié à la France mon ultimatum par rapport à mon différend avec l'Angleterre,1 qu'ils trouveraient bien raisonnable, pourvu qu'ils voulussent s'expliquer



1 Vergl. S. 55. 56.