<183> Porter n'avait pas pu découvrir encore jusqu'à quel point ces insinuations avaient fait impression sur les ministres de la Porte, mais qu'il travaillerait de son mieux pour tirer au clair cette affaire. Qu'il serait plus à même d'y réussir d'abord qu'il serait secondé par le nouveau ministre que la cour de Vienne envoyait là.1

Nos ministres affectent de ne pas paraître inquiets sur cet avis; ils s'expliquent à leurs amis qu'ayant prévu que la France ne manquerait pas de donner de fausses couleurs aux arrangements que l'Angleterre pensait de prendre avec la Russie, ils avaient eu soin d'envoyer des instructions à Porter pour qu'il fût à même de détailler aux ministres de la Porte les véritables motifs de cette démarche, qui n'était que défensive et ne tendait qu'à mettre l'Angleterre et ses alliés dans une situation respectable.

Malgré tout ce langage, nous nous apercevons aisément que, si la France pouvait engager les Turcs à prendre quelque résolution en faveur de son système, cela déconcerterait furieusement les projets de nos ministres et ceux des deux cours impériales lesquelles exécuteront sûrement leurs arrangements, à moins de pareils incidents.


Nach dem Concept.


6138. AU CONSEILLER PRIVÉ DE GUERRE DE KLINGGRÆFFEN A VIENNE.

Klinggräffen berichtet, Wien 5. December: „Il faut que je me sois mal expliqué, puisque je vois que Votre Majesté pense2 que cette cours-ci tâche de décliner la garantie de la Saxe, parcequ'elle est trop exposée; mais c'est pour celle des États d'Hanovre qu'elle n'est pas trop empressée, puisqu'on les regarde pour trop exposés et qu'on fait une différence entre les États d'Hanovre et la Saxe, quoiqu'également exposés, en ce qu'on peut porter plus facilement secours à la dernière qu'aux premiers. En attendant, la Saxe persiste encore à ce que le roi d'Angleterre accède comme électeur, et sur la satisfaction de ses prétentions d'ici,3 sur quoi cependant on ne paraît pas encore plus avancé que par le passé, il y a quelques mois.“

Potsdam, 15 décembre 1753.

Selon ce que vous me marquez par le post-scriptum de votre dernier rapport, et ce que d'autres avis qui me sont revenus, confirment, les parties intéressées au traité de Pétersbourg ne doivent point être d'accord encore par rapport à leurs différentes vues. Il est singulier que la cour de Vienne voudrait que ses alliés sacrifiassent tout pour elle, qui ne veut rien faire à leur égard. Je suis cependant persuadé qu'elle aimerait bien de brouiller les cartes pour parvenir à ses desseins contre moi; c'est aussi pourquoi vous ne vous laisserez point endormir par les propos que le campement à assembler en Bohême4 n'aurait pas lieu, vu la trop grande cherté des vivres.



1 Schwachheim.

2 Vergl. S. 165.

3 Vergl. S. 181.

4 Vergl. S. 173.