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6167. AU LORD MARÉCHAL D'ÉCOSSE A PARIS.

Berlin, 12 janvier 1754.

Les dépêches que vous m'avez faites du 28 et du 31 du mois dernier, m'ont été heureusement rendues. Je vous sais parfaitement gré des explications que vous m'avez données au sujet des troupes nombreuses que la France entretient dans ses provinces de Languedoc et de Provence, de même que touchant les ouvertures qu'elle a faites au roi de Sardaigne. Les avis qu'on vous en a donnés, me paraissent être bien justes, je suis même porté de croire que la cour de France est plus avancée avec celle de Turin qu'il n'en paraît encore, sans quoi j'estime que la première ne se serait pas mise en frais pour assembler tant de troupes dans les provinces ci-dessus mentionnées; d'ailleurs, je suis assez instruit du mécontentement que le roi de Sardaigne a pris au sujet des arrangements que la cour de Vienne a faits avec le duc de Modène.

Quant à vous, vous tâcherez au possible de confirmer adroitement les ministres de France dans le dessein qu'ils ont pris d'entrer avec le roi de Sardaigne, en leur inspirant que ce serait le grand intérêt de la France et un vrai coup de politique que de se lier avec ce Prince, vu qu'en premier lieu, quelque chose qu'il arrive après en Italie, la France aurait toujours fait un grand pas en avant, et qu'en second notre parti en serait fortifié, ce qui était la vraie politique.

Au reste, j'approuve parfaitement ce que vous m'avez proposé touchant les deux tabatières que vous achèterez pour en faire présent à deux de vos amis, et le conseiller privé Eichel vous tiendra compte de 400 écus de Berlin que vous avancerez pour en faire l'emplette.

Federic.

Nach dem Concept.


6168. AU SECRÉTAIRE MICHELL A LONDRES.

Berlin, 12 janvier 1754.

J'ai reçu vos rapports du 25 et du 28 du mois dernier de décembre, qui m'ont fait plaisir par les circonstances intéressantes dont vous m'avez instruit. Bien que je continue dans les mêmes dispositions favorables que ci-devant pour un accommodement amiable relativement à mes différends avec l'Angleterre au sujet des prises maritimes, je veux bien cependant vous réitérer1 que nulle considération humaine ne me portera à me faire l'indignité de me livrer, pour ainsi dire, bras et poings liés à la discrétion d'Angleterre, de la manière que son ministère pensait l'obtenir de moi en conséquence du post-scriptum de la dépêche que vous me fîtes du 4 du mois de décembre passé. Aussi mon intention est-elle de vous tenir tranquille là-dessus.



1 Vergl. S. 186.