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6170. AU CONSEILLER PRIVÉ DE LÉGATION DE HÆSELER A COPENHAGUE.

Berlin, 12 janvier 1754.

J'ai bien reçu vos dépêches du 29 dernier et du 1er de ce mois. J'applaudis parfaitement à la résolution que vous avez prise de ne point entrer directement avec la cour de Danemark sur ce qui regarde l'affaire de la comtesse de Bentinck,1 et à la réponse que vous avez donnée à ce sujet à M. d'Ogier. Aussi agirez-vous toujours en conséquence.

Au surplus, je suis bien aise que la cour susdite reconnaisse à présent la sincérité de mes intentions sur cette affaire, et combien je suis prêt à y apporter toutes les facilités possibles pour la mener à une fin désirée; mais ce que je veux que vous disiez aux ministres danois bien intentionnés, c'est que je craignais et envisageais d'avance que le baron de Bernstorff mettrait tout ce qu'il saura imaginer d'entraves en chemin pour faire échouer ou traîner au moins la négociation, et qu'en conséquence je souhaiterais bien que le comte de Moltke voudrait se mêler lui-même de l'affaire, afin de la voir terminer par là heureusement et au plus tôt possible.

Federic.

Nach dem Concept.


6171. AU PRINCE LOUIS DE WÜRTEMBERG A BERLIN.

Berlin, 12 janvier 1754-

Monsieur mon Cousin. J'ai reçu avec toute la sensibilité possible la lettre que Votre Altesse a bien voulu prendre la peine de me faire, et La prie de vouloir bien me permettre que, par un parfait retour de confiance et d'amitié, je m'explique naturellement sur les différents sujets qu'Elle y a compris.

Il ne me convient point d'entrer dans des choses autrefois passées, et qui regardent uniquement votre personnel, vu l'indépendance où vous vous trouvez à mon égard. Cependant, par la part sincère que je prendrai toujours à ce qui peut contribuer à votre gloire, tout comme à celle de votre maison, je ne saurais point vous dissimuler que des bruits assez publics ont couru à Vienne comme si vous aviez fait faire des ouvertures à la cour de prendre parti dans le service autrichien,2 et on commence à y dire que ce n'était que par l'impossibilité où ladite cour s'était trouvée de vous accommoder d'abord avec quelque régiment et des pensions, sur le pied que vous étiez établi en France, que vous aviez changé de sentiment. Mais, comme je connais assez combien il entre ordinairement de la médisance dans de pareils bruits populaires et combien ils sont incertains, j'aime toujours mieux de me fier sans réserve à ce que vous voulez me protester là-dessus,



1 Vergl. S. 202.

2 Vergl. S. 177.