<240>

6206. AU CONSEILLER PRIVÉ DE GUERRE DE KLINGGRÆFFEN A VIENNE.

Klinggräffen berichtet, Wien 30. Januar: „ C'est le tout de bon de l'Angleterre de ne point faire de nouveau traité de subsides avec la Russie. Sans doute que cela dérangera bien des vastes projets, et le camp considérable qu'on voulait former en Bohême,1 dont les arrangements, ainsi que je l'ai marqué il y a quelque mois, ont été conduits si mystérieusement, s'en ira en fumée. Il m'est revenu, depuis trois jours, de source que peut-être on y rassemblerait un camp d'exercice ordinaire; car, pour que cette cour-ci commence elle seule quelque chose de sérieux, en combinant sa situation actuelle de finances, il n'y a encore rien à craindre, et elle ne s'exposera pas. Autre chose serait, si la Russie eût été mise en mouvement par l'Angleterre : encore cette cour-ci n'aurait-elle pas commencé d'abord par agir, mais aurait suivi insensiblement, se contentant d'abord par une démonstration guerrière qui eût para tout-à-coup, ce qui aurait obligé Votre Majesté de partager Ses forces.“

Potsdam, 9 février 1754.

J'ai reçu votre dépêche du 30 dernier et me rapporte, quant aux nouvelles ordinaires qui me sont entrées depuis ma dernière lettre, à la dépêche de mon ministère.

Je crois que ce que vous tirez de conséquence dans le post-scriptum de votre dépêche ci-dessus alléguée par rapport à la modération de l'Angleterre, qui jusqu'à présent ne paraît pas bien pressée à conclure avec la Russie, est fort juste; mais ce qu'il faut que le temps nous apprenne, c'est si cette modération du ministère anglais continuera après qu'il se sera assuré à son gré du nouveau Parlement, et si alors il ne reprendra le haut ton. En attendant, je veux bien vous faire observer que la cour de Vienne continue à remuer tant à Londres qu'à Moscou avec le dernier empressement pour faire arrêter encore la nouvelle convention entre la Russie et l'Angleterre.

Federic.

Nach dem Concept.


6207. AU PRINCE FERDINAND DE BRUNSWICK A POTSDAM.

Potsdam, 9 février 1754.

Monsieur mon Cousin. J'ai reçu la lettre du 7 de ce mois que vous avez voulu prendre la peine de me faire au sujet du terme des subsides dûs au Duc régnant, votre frère, dont la France lui est encore en arrière.2 Votre Altesse peut compter que je n'ai rien oublié, en conséquence de la garantie que j'ai promise au Duc sur le payement exact de ces subsides, de faire presser au possible les ministres de France pour acquitter le terme en arrière, et que ces efforts ont à la fin opéré qu'on a fait la promesse de vouloir acquitter le terme passé sans plus de délai et s'arranger de la sorte, pour que les arrérages ne



1 Vergl. S. 185.

2 Vergl. S. 232.