<26> bien aise, si vous savez développer là où vous êtes ce qui en est véritablement.

Comme l'Empereur et l'Impératrice seront apparemment partis de Vienne pour voir les régiments de hussards campés à Kittsee en revue et manœuvres, vous me rendrez un service bien agréable si vous pouvez me faire avoir un détail exact de tous les manœuvres que ces régiments ont faits pendant le temps de leur exercice.

Je vous prie de déchiffrer vous-même ce qui se trouve dans le postscriptum ci-joint.

Federic.

P. S.

L'application que je me suis donnée pour m'orienter de quoi il saurait s'agir dans ces fréquentes et longues conférences qui en conséquence de plusieurs de vos rapports se tiennent à Vienne entre l'ambassadeur de Russie et les ministres de Vienne, un hasard tout pur m'a fait découvrir des choses assez importantes qui se sont passées entre le ministre d'Angleterre et le ministère russien à Moscou, dont je veux bien vous informer pour votre seule direction et sous le sceau du secret le plus absolu à me garder.

C'est depuis que le roi d'Angleterre a pris des appréhensions, soit feintes et affectées soit réelles, sur les bruits frivoles qui ont autrefois couru d'une invasion que je méditais de faire dans son électorat, qu'il a fait solliciter par Guy Dickens la cour de Russie de vouloir bien assembler derechef contre des subsides un corps de troupes russiennes dans la Livonie, prêt à marcher sur la réquisition de la cour d'Angleterre, en cas d'attaque de ma part. Cette négociation a été, à ce que j'apprends, avancée au point qu'il ne s'agissait actuellement que de faire signer à l'Impératrice les propositions mises en avant par ses ministres touchant la manière et les conditions sous lesquelles la cour de Russie s'engagerait à tenir en Livonie et près de la Mer Baltique un corps de troupes prêt à marcher pour le service de la Grande-Bretagne, en suite de quoi il ne resterait aux chanceliers que de délivrer au sieur Guy Dickens par écrit une réponse complète sur le mémoire qu'il leur avait remis sur ce sujet. Comme les dissipations ordinaires de l'Impératrice n'avaient d'abord permis que cette réponse fût signée d'elle, le ministère russien avait, en attendant, et nonobstant que cette négociation était si peu parvenue à sa consistance, [pris] l'arrangement que, dès que l'Angleterre agréerait les conditions qu'on lui demanderait, un corps de troupes russiennes jusqu'à 70,000 hommes devait s'assembler en Livonie et à la Mer Baltique, et les galères à Pétersbourg se tenir prêtes pour mettre à la voile au premier ordre, et, pour avoir une bonne réserve, de lever 60,000 recrues, mais qu'en revanche la Russie demandait à l'Angleterre un subside de trois millions d'écus de Hollande, le cas de la réquisition existant, et un million, en attendant, pour tenir prêt le corps de troupes.