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6264. AU CONSEILLER PRIVÉ DE LÉGATION JEAN-DIDIER DE MALTZAHN A DRESDE.

Potsdam, 23 mars 1754.

J'ai bien reçu vos dépêches du 16 et du 20 de ce mois. Bien que j'ai abandonné à mon ministre de Podewils1 le soin de se concerter avec le chevalier de La Touche sur la nécessité et les moyens que vous proposez à entretenir un parti en Pologne et à le soutenir efficacement, cependant je ne veux point vous céler que la France et moi pourrions bien risquer de jeter notre argent au hasard et gratuitement auprès des gens qu'une inconstance naturelle mène à changer au premier évènement et à se jeter à la tête de celui qui paie le dernier. Que d'ailleurs, dans un pays comme celui que la Pologne, il y a toujours deux partis, que les brigues ne cessent pas, et que notre but principal n'est que de rompre toujours des Diètes où l'on voudra constater des choses préjudiciables à nos intérêts communs et à la constitution présente et à la liberté de la nation. Que j'estime que c'est avec bien [plus] de sûreté qu'on dépense son argent alors, que le hasarder en distribuant des pensions qui, dans un cas critique, peut-être n'opèreront guère contre l'éclat d'un argent payé dans le moment qu'il faut. Enfin, c'est à vous de réfléchir sur toutes ces considérations et de me marquer, après, votre sentiment.

Federic.

Nach dem Concept.


6265. AU LORD MARÉCHAL D'ÉCOSSE A PARIS.

Potsdam, 23 mars 1754.

Votre rapport du 11 de ce mois m'est entré, et je suis bien aise de vous dire que, malgré les difficultés que les ministres anglais paraissent faire à ceux de France, je crois — et mes rapports de Londres m'y confirment — que les premiers pourraient bien mettre de l'eau dans leur vin et se prêter à un accommodement.

Au surplus, comme des lettres particulières de France, tout comme les gazettes publiques, annoncent comme quoi la France faisait acheter 7,000 chevaux de remonte pour sa cavalerie, je serais bien aise que vous m'apprissiez si effectivement ces nouvelles sont fondées et si l'on pense en France à y mettre l'armée dans un état respectable, au cas qu'il arrivât quelque évènement extraordinaire et imprévu.

Federic.

Nach dem Concept.



1 Vergl. S. 235.