<293> tout ce qu'il faut à une armée destinée à opérer. Quoique je vous le répète encore que j'ai toute la peine à m'imaginer que ces gens-là ont un dessein réel de commencer de nouveaux troubles, je suis cependant toujours du sentiment que la bonne prudence et la raison exigent que je me concerte au préalable avec la France sur les mesures à prendre, pour ne point être pris au dépourvu, supposé le cas que la cour de Vienne voudrait éclater inopinément.

Federic.

Nach dem Concept.


6286. AU CONSEILLER PRIVÉ DE GUERRE DE KLINGGRÆFFEN A VIENNE.

Potsdam, 9 avril 1754.

Pour vous répondre sur votre rapport du 30 dernier, je commencerai par vous informer de ce que j'ai eu de nouvelles d'Angleterre en dernier lieu. Elles m'apprennent que la fermentation qu'il y a eu entre les chefs du gouvernement par rapport à la nouvelle forme à donner à l'administration, après la mort du sieur Pelham, est entièrement dissippée, et que tout a été réglé à l'entière satisfaction du duc de Newcastle; mais l'on me fait observer en même temps qu'il ne fallait point présumer que cette administration ait de longtemps la consistance que du temps du sieur Pelham et qu'elle y parvienne jamais; que ce serait se faire illusion que de penser que, quand même le duc de Newcastle se trouvait à la tête des finances et sur le pied de premier ministre, il ouvrirait facilement les cordons de la bourse et donnerait aveuglément dans tous les projets de subsides que les Autrichiens et leurs alliés sauraient lui fournir. Qu'il avait un point de vue plus essentiel à remplir, savoir de lier sa partie solidement et de bien s'assurer de l'élection du nouveau Parlement, tout comme d'en essayer les forces, avant que de penser à aucun chipotage pécunieux; que, de plus, la nature de son nouvel emploi exigeait en elle-même plus de précaution vis-à-vis de la nation que par le passé; qu'il pouvait comme secrétaire d'État s'avancer plus en avant envers les cours étrangères qu'il ne saurait le faire comme chef des finances, et qu'il aurait trop de prudence et assez à cœur ses propres intérêts pour ne pas s'embarquer dans des engagements que le caprice de son maître et les insinuations artificieuses de la cour de Vienne pourraient lui suggérer. Que, si les Autrichiens ou d'autres s'étaient flattés que, depuis que le duc de Newcastle était parvenu à la tête des finances, il leur tiendrait facilement la bourse ouverte, ils s'en désabuseraient par ce qui venait de passer avec le comte de Haslang, qui, après avoir communiqué au susdit ministre les arrangements pris de sa cour pour s'accommoder avec celle de Vienne et de ce que l'électeur de Cologne demandait pour sa satisfaction, et qu'il avait sondé en conséquence le duc de Newcastle pour savoir qu'est-ce que la cour de Londres voudrait faire, en cas que celle de Vienne ne voulût pas