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Je ne vous communique tout ceci que pour vous faire observer que, si ces avis sont fondés, soit en partie soit partout, il faut bien que le ministère anglais ne soit pas si tranquille par rapport aux affaires du dehors qu'il le paraît être, et qu'en affectant ne penser qu'aux affaires intérieures du pays, il fasse jouer sous mains bien d'autres ressorts. C'est sur quoi vous devez redoubler d'attention et que ne pas vous fier tout-à-fait aux apparences de dehors afin de ne pas en être la dupe; tâchez plutôt de bien pénétrer ces mystères, afin d'être à même de m'en informer fidèlement.

Federic.

Nach dem Concept.


6296. AU LORD MARÉCHAL D'ÉCOSSE A PARIS.

Potsdam, 16 avril 1754.

Vous remercierez bien obligeamment de ma part M. de Contest des assurances qu'il m'a fait donner, en conséquence de votre dernier rapport, de ce que la France retiendrait sûrement le maréchal de Löwendahl1 et ne permettrait pas qu'il passât au service de quelque autre puissance; article qui me tranquillise extrêmement, par le grand intérêt que j'ai que ledit maréchal ne passe jamais au service de quelqu'un de mes voisins.

Quant à mes nouvelles de Londres, elles me confirment qu'il n'était question pour le moment présent d'aucune affaire étrangère auprès du ministère, et que le duc de Newcastle continuait d'être uniquement occupé à fortifier sa partie et à faire beaucoup d'emplois du second ordre à tous ceux qui pourraient le soutenir; aussi paraissait-il y réussir assez bien; qu'on saurait compter que le ministère ne chercherait à chipoter rien d'importance dans l'étranger, avant qu'il n'eût essayé ses forces et en fait l'expérience dans le Parlement qui s'assemblerait dans le mois de novembre, car pour celui qui serait convoqué dans le mois de juin, il ne durerait pas assez pour les connaître et n'y serait question que des formalités et de donner la consistance requise au nouveau corps.

En attendant, il m'est parvenu un avis fort étrange, et auquel j'ai de la peine d'ajouter foi jusqu'à ce qu'il ne me soit confirmé, mais en conséquence duquel le ministre anglais à la cour de Bavière doit avoir ministérialement demandé à la disposition du Roi son maître les 6,000 hommes que l'Angleterre paie, et que ce corps était destiné pour l'Italie. Je serais bien aise que vous communiquiez cette nouvelle à M. de Contest, en ajoutant cependant que je la lui donnais telle que je l'avais reçue et que je ne lui en saurais point garantir la vérité, mais que j'espérais d'en être plus éclairci au premier jour.

Dites-lui d'ailleurs que je savais par des bonnes lettres de Moscou2 que le 19 du mois de mars passé les deux chanceliers de Russie



1 Vergl. S. 275.

2 Bericht des holländischen Gesandten van Swart an die Generalstaaten, Moskau 25. März.