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6325. A LA REINE DE SUÈDE A STOCKHOLM.

Eigenhändiges Schreiben der Königin von Schweden, Stockholm 26. April: „J'espère que vous voudrez bien m'excuser, si j'ai tardé pendant quelques postes de répondre à la lettre que vous avez bien voulu m'écrire; mais ayant été absente de Stockholm de quelques lieues, je n'ai point trouvé des occasions assez sûres pour remettre mes lettres entre les mains de Maltzahn. Je suis toujours sensible à la part que vous me témoignez prendre à tout ce qui me regarde et en particulier aux intérêts de l'autre moi-même, qui mérite par plus d'un endroit votre estime et votre amitié. Si quelque chose peut me faire espérer que son sort sera un jour plus heureux, c'est que vous voulez bien vous y intéresser.

J'ai eu une conversation sur ce sujet avec Maltzahn, et je ne doute pas qu'il n'ait l'honneur de vous en faire rapport, dans laquelle je lui ai démontré l'impossibilité qu'il y avait d'écrire une lettre au sujet de l'Ambassadeur que vous auriez pu montrer.1 Quelque vrai qu'il soit que sa conduite ait été peu ménagée à la dernière Diète, vous savez, mon cher frère, combien il est difficile de prouver ces vérités à un ministre, et il aurait toujours pour s'excuser le prétexte que ce sont des personnes ennemies du système qui ont dit des calomnies contre sa personne; il n'y a cependant personne ici qui n'ignore que, le Roi ayant perdu le suffrage des voix pour la création des nouvelles charges, l'Ambassadeur à son dîner dit qu'il fallait avouer que les Suédois étaient de vrais Romains et qu'ils l'avaient bien prouvé ce jour-là, outre les distinctions qu'il a faites à un prêtre, évêque Åbo,2 le plus grand fourbe qu'il y ait dans le royaume, qui ne parle pas un mot de français et qui par conséquent ne pouvait fréquenter sa maison que pour faire des intrigues; c'est ce malheureux prêtre qui s'était acharné contre le précepteur de mon fils aîné3 et qui était sur le point de pousser les choses aux dernières extrémités et qui à la fin de la Diète avait dressé une instruction pour l'éducation de mon fils, dans laquelle il était mis comme en tutelle entre les mains du comte Tessin, et le Roi et moi étions exclus de toute l'autorité que les droits et la nature donnent aux parents.

Vous m'avouerez, mon cher frère, que, quand un ministre allié fait des distinctions dans de pareil cas, il faut assurément que ses intentions ne soient point pour la cour telles qu'elles doivent l'être, et que, quand toutes les personnes qui se sont déclarées pour la cour, sont ceux à qui on fait le moins de politesse, il en résulte que ces mêmes personnes s'en piquent et ne font pas toujours attention qu'un ministre peut manquer de conduite, sans que sa cour l'approuve.

Je suis presque effrayé de la longueur de cette lettre et je vous prie, mon cher frère, de vouloir bien me le pardonner en faveur des raisons qui m'y ont obligé et de la confiance infinie que j'ai en vous, mon cher frère, qui vous est un gage sûr de la tendresse infinie avec laquelle je suis à jamais, mon très cher frère, votre très dévouée sœur et servante Ulrique.“

[Potsdam], 7 mai 1754.

Ma très chère Sœur. Je prends la liberté de vous envoyer un extrait de ce qu'on m'écrit à Paris, par où vous verrez, ma chère Sœur, qu'il n'y a guère apparence de faire réussir ce que vous savez. Je ne disconviens point des sujets de plaintes que vous avez contre une certaine personne, mais je crois, à vous parler avec franchise, que votre intérêt demande que vous tâchiez de vous en rapprocher. J'ai fait écrire aujourd'hui à Maltzahn d'y contribuer de son mieux. Vous avez l'art de gagner les coeurs et avec vos manières engageantes vous parviendrez sûrement à attacher cette personne à vos intérêts, en flattant sa vanité, en lui demandant conseil dans des bagatelles où l'on



1 Vergl. S. 322 Anm. 2.

2 Vergl. S. 257.

3 Browallius.