<353> troupes alliées pour partager avec elles leurs travaux, actions et dangers, voulait à présent avoir pour les mêmes 300,000 livres un corps de 55,000 hommes, lequel seul devait faire une puissante diversion par terre et par mer et s'entretenir à ses propres dépens. Qu'on était bien éloigné de mettre en parallèle la cour de Russie avec celles de Copenhague et de Dresde, que cependant l'Angleterre avait offert en dernier lieu au Danemark 50,000 livres sterling pour 6,000 hommes et payait actuellement à la Saxe 60,000 livres,1 pour qu'elle tienne prêts 6,000 hommes à son service. Que l'Impératrice ne cherchait que sa gloire, en voulant être utile à ses alliés, qu'en contre il était juste qu'elle soit aidée dans de si grandes dépenses, surtout qu'elles se font en cette unique vue, parceque son Empire était dans une situation de n'avoir rien à craindre.

« Apres quoi, il ne restait qu'à réitérer à l'Envoyé que ce contreprojet était un ultimatum, que l'Impératrice s'attendait à un prompt consentement à ce contre-projet, pour s'acquitter dignement des ses engagements et pour prévenir par là la fâcheuse résolution que l'Impératrice serait d'ailleurs obligée à prendre, de faire une autre disposition de ses troupes actuellement assemblées en Livonie. »

Après que ce promemoria fut remis au sieur Guy Dickens de la manière ci-dessus mentionnée, il entra d'abord là-dessus en conférence avec le comte Esterhazy et les ministres de Hollande et de Saxe, les sieurs Swart et Funcke, qui, après avoir examiné de point en point le contre-projet et le promemoria, en jugèrent unanimement que, vu que les demandes des ministres de Russie étaient également énormes et aussi inacceptables que les premières, on envisageait cette négociation autant qu'entièrement rompue, le comte Esterhazy et Funcke ayant surtout relevé que selon le quatrième article du nouveau contre-projet, au lieu que dans celui que l'Angleterre avait présenté,2 il y avait eu que les corps des troupes et des galères mentionnées dans les deux articles précédents ne devraient être mis en activité que dans le cas où le roi d'Angleterre serait attaqué ou aucun de ses alliés, les ministres de Russie avaient rayé et omis les cinq derniers mots, malgré que ce passage fût un des points les plus essentiels de la convention.

Que, le ministre saxon s'étant chargé de faire des instances pressantes là-dessus au chancelier Bestushew, en ajoutant qu'il perdrait par là tout son crédit en Angleterre, celui-ci en avait paru être fort embarrassé, en faisant de grandes contestations qu'il n'avait point dépendu de lui et de sa bonne volonté que l'affaire n'eût pas eu un meilleur succès. Que, sur des instances ultérieures que le ministre de Saxe avait faites au comte Bestushew, combien il importait à l'intérêt de Russie même de continuer les arrangements faits en Livonie et d'accepter pour cela les subsides tels que l'Angleterre avait offerts, quels qu'ils fus-




1 Vergl. Bd. VIII, 459.

2 Vergl. S. 192.