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6379. AU CONSEILLER PRIVÉ DE LÉGATION HELLMUTH- BURCHARD DE MALTZAHN A STOCKHOLM.

Potsdam, 25 juin 1754.

J'ai bien reçu les dépêches que vous m'avez faites du 3 et du 7 de ce mois. Quelque sensible que j'aie été de la communication confidente que Leurs Majestés Suédoises ont bien voulu me faire par vous des ostentations guerrières de Russie qu'on veut renouveler,1 vous leur insinuerez cependant, de la manière la plus convenable, que je savais de source que tout se faisait sans nerf et qu'il n'y en avait rien à craindre, au moins pour cette année ici, et que, tout au contraire, j'espérais d'être à même d'avertir Leurs Majestés, s'il arrivait à la suite du temps que ces ostentations sauraient viser à des choses réelles et qui pourraient faire craindre pour les suites. En attendant, vous profiterez de cette occasion pour faire mille inductions à la Reine au sujet de ces ostentations de la Russie, tout comme à l'égard de sa demande pour faire entrer ses galères dans les ports suédois, afin de lui faire envisager combien peu la cour de Suède aura jamais à espérer de la Russie, vu que son système était de ne pas permettre que le moindre changement fût fait à la forme de gouvernement établie en Suède, de sorte que, quand même la Russie faisait mine du contraire, ses vues n'étaient autres que d'embrouiller de plus en plus les affaires intérieures de la Suède, pour ruiner un parti par l'autre. Qu'enfin rien ne paraissait plus nécessaire, sinon que la cour de Suède tâchât de se raccrocher au possible le Sénat.

Au surplus, quand le sieur d'Havrincourt ne vous a point fait communication du renouvellement de l'alliance entre la France et la Suède,2 vous devez absolument le dissimuler et n'en faire paraître quelque chose, à qui que ce puisse être. Du reste, je remets à la première dépêche que je vous ferai de vous dire mes sentiments par rapport aux difficultés que vous trouvez pour ramener le sieur d'Havrincourt, et sur la conduite que vous aurez à observer à cet égard.

Federic.

Nach dem Concept.


6380. AU CONSEILLER PRIVÉ DE LÉGATION HELLMUTH- BURCHARD DE MALTZAHN A STOCKHOLM.

Potsdam, 29 juin 1754.

J'ai bien reçu vos rapports du 14 de ce mois et, pour vous répondre sur ce que vous m'avez marqué au sujet de l'éloignement où le sieur d'Havrincourt paraît être encore de se rapatrier avec la cour, je veux bien vous dire qu'il faudra bien se garder d'informer tout crûment la Reine des sentiments que ce ministre vous a marqués, mais il faut plutôt que vous travailliez et employiez vos soins à moyenner que la



1 Vergl. S. 340 Anm. 3.

2 Vergl. S. 340 Anm. 4.