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6400. AU CONSEILLER PRIVÉ DE LÉGATION HELLMUTH- BURCHARD DE MALTZAHN A STOCKHOLM.

Potsdam, 22 juillet 1754.

La dépêche que vous m'avez faite du 12 de ce mois, m'est heureusement parvenue. Pour ce qui regarde l'opinion où le baron de Hœpken est, que les mouvements que les Russes faisaient, pourraient être pris pour une marque qu'il y avait un traité de subsides conclu entre la Russie et l'Angleterre, vous lui direz de ma part, à la première occasion que vous y aurez, que la Russie en était encore bien éloignée, vu que le ministère anglais ne marquait jusqu'ici aucune envie de vouloir accorder à la Russie les gros subsides qu'elle demandait, et qu'au moins je pourrais lui assurer positivement qu'il n'y avait jusqu'ici rien de conclu là-dessus.

J'ai appris avec bien de la satisfaction ce que vous m'avez marqué au sujet de la tentative que la Reine, ma sœur, a faite sur le baron de Hœpken. Dites-lui à la première occasion convenable que, pourvu qu'elle et le Roi s'y prendraient bien, ils auront le baron de Hœpken, et d'autres encore, par des libéralités faites bien à propos à lui.1

Ajoutez-y que, si Leurs Majestés voulaient mettre à part une vingtaine de mille écus pour les employer à la Diète future, elles sauront faire bien des choses, ce qui ne serait proprement qu'une dépense dont elles ne feraient que les avances, vu que, quand un jour le Roi gagnerait plus de supériorité, il pourrait aisément s'en rembourser. Au surplus, j'approuve parfaitement la sage résolution que vous avez prise de ne point parler au Roi de ce que je vous avais ordonné2 de lui dire par rapport à la Russie et de ce qu'il n'y avait rien à craindre d'elle pour le moment présent; aussi les motifs que vous m'alléguez-de votre



1 Vergl. S. 320.

2 Vergl. S. 367. Maltzahn motivirt sein Verhalten mit dem folgenden: „En remerciant hier Leurs Majestés de la part de Votre Majesté de la communication qu'ils Lui ont faite sur les mouvements des Russes, je me suis contenté de leur marquer que Votre Majesté ne croyait pas qu'il y eût quelque chose à craindre de cette puissance, pour le moment présent, et qu'Elle Se ferait un plaisir d'informer Leurs Majestés Suédoises de tout ce qui pourrait parvenir à Sa connaissance et qui regardait leurs intérêts. Comme le marquis d'Havrincourt m'a fait dernièrement des plaintes sur ce qu'il paraît qu'on va laisser la Finlande sans défense, qu'il m'a dit l'hiver passé que le roi de Suède appuyait dans le Sénat la demande d'une partie des troupes qui sont en Finlande et qui voudraient être rappelées, qu'outre cela j'ai lieu de croire qu'une grande partie des gens du parti de la cour insinuent à Leurs Majestés qu'il y a peu à craindre de la Russie, j'ai appréhendé que, si j'assurais Leurs Majestés Suédoises de la part de Votre Majesté qu'il n'y a à craindre présentement de cette puissance, et que, lorsque le cas existerait, Elle comptait d'être à même d'informer Leurs Majestés Suédoises — j'ai craint que cela ne jetât le roi de Suède dans une trop grande sécurité sur le sujet de la Russie, et pourrait être cause qu'on agît encore plus mollement qu'on fait, pour la sécurité des frontières de Finlande. Je me flatte qu'en cette occasion Votre Majesté ne désapprouvera pas que je n'aie point exécuté Ses ordres à la lettre“ etc.