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6458. AU CONSEILLER PRIVÉ DE LÉGATION JEAN-DIDIER DE MALTZAHN A VARSOVIE.

Neisse, 14 septembre 1754.

J'ai reçu votre dépêche du 8 de ce mois, laquelle, me marquant que les diétines de la Prusse polonaise ont été rompues, sans que j'y aie aucunement contribué, me confirme dans ma façon de penser qu'il ira de même de la Diète, générale, qui, par les vues des différents partis, par la grande désunion qui règne parmi les grands de Pologne, de même par le grand mécontentement de la noblesse contre la cour, ne saurait jamais prendre consistance, sans que je serais obligé d'employer des sommes en argent pour la faire échouer. Au surplus, puisque des confédérations en Pologne ne conviennent point dans le moment présent à mes intérêts et à ceux de mes alliés, il faut que vous preniez garde à souffler au feu et à y verser de l'huile, mais que vous dirigiez plutôt votre attention s'il faudra employer de l'argent pour empêcher les suites fâcheuses, auquel cas je ne laisserai pas de vous en pourvoir, sur le rapport que vous m'en ferez et sur les raisons que vous m'en alléguerez.

Au reste, ayez attention sur les démarches que le chevalier Williams fera, après qu'il sera de retour à la cour de Varsovie, et tâchez surtout de me faire avoir souvent des nouvelles importantes par le confident, vu que les moments arrivent où elles me seront plus intéressantes que jamais.

Federic.

Nach dem Concept.


6459. AU CONSEILLER PRIVÉ DE LÉGATION BARON DE KNYPHAUSEN A PARIS.

Neisse, 15 septembre 1754.

Je suis très satisfait des particularités que vous me marquez par votre rapport du 2 de ce mois concernant le marquis de l'Ensenada. Je dois cependant vous faire observer à ce sujet qu'il m'a fait de la peine de remarquer que depuis un temps vous ayez fait chiffrer et écrire en clair, en partie, plusieurs de vos dépêches. Ceci ne saurait manquer de fournir occasion à ce que le secret de vos chiffres puisse être facilement découvert et trahi, en tant que ce ne saurait être une chose bien difficile à des gens industrieux sachant le sujet dont traite un chiffre, de le déchiffrer, sans dire d'ailleurs qu'il se trouve plusieurs circonstances relatives au marquis de l'Ensenada dans votre susdit rapport lesquelles je serais bien fâché qu'elles pussent avoir été lues par ceux qui ne manquent pas de décacheter subtilement, sur la route, les dépêches que vous m'adressez. Mon intention est donc, et je vous recommande fort qu'à l'avenir vous apportiez plus de précaution à pareilles et autres affaires de quelque importance, afin de ne me les