<444> celle-ci, en se désistant de construire la forteresse de Sainte-Élisabeth dans la Nouvelle Servie, si ce fort n'était pas devenu indispensablement nécessaire pour maintenir la tranquillité et la sûreté de la nouvelle colonie établie sur la frontière contre des vagabonds qui ravageaient le pays“ aux environs; qu'ainsi on espérait que la Porte n'exigerait pas l'impossibilité, d'autant plus que les traités n'interdisaient point dans ces endroits, absolument dans le pays de la domination russe, la construction de forteresses. Comme je crois vous avoir déjà informé1 de la jalousie extrême de la Porte sur la construction de cette forteresse et de la déclaration que ses ministres ont faite le plus énergiquement au résident de Russie, en lui disant que la Porte ne saurait envisager autrement cette démarche que comme une rupture ouverte de la paix, il restera à voir si ladite Porte se voudra payer de pareilles défaites. En attendant, la cour de Russie a fait donner un précis de ladite résolution donnée à son résident susdit aux ministres des cours de Vienne et de Londres et ne laisse pas de continuer à faire travailler 4,000 personnes à la construction de la forteresse.

Que toutes ces particularités ne vous servent que pour votre direction seule et afin que vous soyez à même de faire d'autres recherches là où vous êtes sur cet objet.

Federic.

Nach dem Concept.


6488. AU CONSEILLER PRIVÉ DE LÉGATION BARON DE KNYPHAUSEN A FONTAINEBLEAU.

Potsdam, 19 octobre 1754.

J'ai reçu votre rapport du 7 de ce mois, à l'occasion duquel, et en partie des autres que vous m'avez faits antérieurement, je me vois obligé de vous dire que je suis mécontent de ce que vous recommencez depuis peu à donner dans la même faute dont je vous avais corrigé ci-devant2 et que vous composez vos rapports si superficiellement que je ne saurais souvent que les apprécier aux nouvelles de la poissonnerie ou me persuader tout au plus que vous les tiriez de ce que peut-être deux ou trois dames de votre connaissance ont dit devant leurs toilettes. Comme je ne saurais absolument pas me contenter de rapports superficiels de mes ministres, je demande à vous que vous deviez les rendre plus intéressants et assez circonstanciés, et que surtout vous ne deviez pas passer légèrement sur les affaires, mais bien y entrer, en me les représentant dans toute leur étendue, avec des réflexions justes et solides, et ne pas par exemple me parler de l'Espagne sans ajouter comment elle est intentionnée pour la France. C'est aussi en conséquence qu'il faut que vous fréquentiez plus le grand monde qu'il ne me paraît pas que vous le fassiez, et que vous parliez à toute



1 Vergl. S. 414.

2 Vergl. S. 410. 418.