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Je viens de recevoir votre dépêche du 25 du mois d'octobre. Je suis bien fâché de l'opiniâtreté de la cour où vous êtes de vouloir remuer à la Diète, sans avoir en mains de quoi se faire des amis.1 Dites à ma sœur, quand vous trouverez l'occasion de lui parler, que, pourvu qu'ils veuillent avoir la supériorité à la Diète, il faut absolument qu'ils aient de l'argent en mains et qu'ils imitent à ce sujet l'exemple du roi d'Angleterre, qui donne de l'argent à ceux de son Parlement pour en retirer, mais qu'en défaut de cela tout échouerait.

Federic.

P. S.

Vous pouvez compter que tout ce que le susdit Leutrum a mis dans son précis, n'est qu'un tissu de choses controuvées et fausses.

Nach dem Concept.


6510. AU CONSEILLER PRIVÉ DE LÉGATION BARON DE KNYPHAUSEN A FONTAINEBLEAU.

Potsdam, 6 novembre 1754.

La dernière ordinaire m'a apporté les deux dépêches que vous m'avez faites du 20 et du 24 du mois d'octobre passé, et je vous renvoie, quant aux brouilleries arrivées entre les cours de Bonn et de Manheim, à ce que le rescrit du Département vous en marquera. Quant aux affaires de Pologne, je crois recevoir bientôt des nouvelles que la Diète y sera échouée, sans qu'il en résultera des suites de conséquence.

Je ne veux point vous laisser ignorer une chose assez singulière et point du tout attendue qui vient de m'arriver, et dont je crois nécessaire que vous préveniez le sieur de Rouillé, dès que vous trouverez l'occasion convenable de le faire. C'est que mon ministre à Stockholm vient de me marquer que le baron de Hœpken lui avait dit d'avoir reçu des nouvelles du baron de Posse, ministre de Suède à Pétersbourg, qu'un certain baron de Leutrum, qui était colonel au service de Russie, s'était adressé à lui pour lui confier que, dans le voyage qu'il avait fait en Allemagne, il m'avait entretenu à Potsdam ou Sanssouci, et que je l'avais chargé de parler aux sieurs de Woronzow et de Schuwalow pour leur témoigner les sentiments d'estime et d'amitié que j'avais pour l'impératrice de Russie, et le désir que j'avais de voir la bonne intelligence rétablie entre les deux cours, et que j'avais d'ailleurs chargé ce Leutrum de tâcher de parler à l'Impératrice même pour lui faire ces insinuations. Que ce Leutrum avait continué à dire à lui, baron de Posse, qu'il s'était acquitté, après son retour à Pétersbourg, de sa commission auprès des sieurs de Woronzow et de Schuwalow, lesquels avaient bien reçu ce qu'il leur avait dit, et lui avaient promis de



1 Vergl. S. 440.