<461> le faire parler à l'Impératrice et lui avaient demandé un précis par écrit de ce qui s'était passé dans le prétendu entretien qu'il avait eu avec moi à Sanssouci, lui, Leutrum, avait couché ce précis par écrit et le leur avait remis, mais que depuis on ne lui avait ni fait parler à l'Impératrice, ni lui donné aucune résolution ultérieure.

Quoique je connaisse assez bien la cour de Russie pour ne point faire de pareilles incartades, et qu'il ne soit qu'absolument faux tout ce que ledit Leutrum a débité sur ce sujet, j'appréhende cependant que la cour de Russie ne se serve de ces insinuations faites à mon insu et contre mon aveu pour faire accroire au monde et peut-être à la Porte Ottomane que j'avais fait des démarches pour me rapatrier à elle. Je trouve bon que vous en préveniez le sieur de Rouillé, en lui disant que je n'avais jamais donné des commissions au susdit Leutrum de parler en sorte, ni sur aucune autre chose. Que je m'en serais d'autant plus gardé de lui en donner que je connaissais trop bien ce Leutrum, qui avait été autrefois en mon service et reconnu pour un homme imprudent et de peu de capacité. Qu'il était vrai que cet homme, ayant eu le congé de l'impératrice de Russie pour voyager quelque temps en Allemagne et étant passé par mes États, s'était fait annoncer pour être présenté à moi, que je l'avais vu là-dessus, mais que je ne lui avais parlé que de choses fort vagues et indifférentes; et, comme il lui était échappé de dire qu'il était chargé de la part de sa souveraine d'une commission secrète auprès du ministère de France, j'en avais d'abord fait avertir M. de Contest. Mais, comme celui-ci m'avait fait répondre qu'il connaissait ce personnage pour un vrai escroc qui avait pensé déjà de le tromper, je me suis d'autant moins mêlé avec lui, de sorte que, quand, à son retour, il passa par Berlin et qu'il me fit demander mes ordres pour son voyage, je lui ai fait répondre tout sèchement que je n'avais aucun à lui donner et qu'il n'avait qu'à continuer son chemin — de sorte qu'il m'était inconcevable comment cet homme avait pu s'aviser de tenir effrontément de pareils propos sur mon sujet. Vous ne manquerez pas de me faire votre rapport de ce que le sieur de Rouillé vous aura répondu là-dessus.

Federic.

Nach dem Concept.


6511. AU MINISTRE D'ÉTAT COMTE DE PODEWILS A BERLIN.

Potsdam, 6 novembre 1754.

Après que vous m'avez mandé par votre rapport du 4 de ce mois ce que le baron de Hcepken en Suède a écrit au sieur de Wulfwenstjerna touchant la confidence qu'un nommé de Leutrum avait faite au ministre de Suède à Pétersbourg par rapport à une prétendue commission dont j'aurais chargé lui, le baron Leutrum, je vous dirai tout naturellement ce qui s'est passé à cet égard. C'est que ledit Leutrum, après avoir eu un congé de l'impératrice de Russie d'aller pour quelque temps en