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présentées à son esprit et qui ont opéré le changement dont je viens de faire mention. Les différents traits qui lui sont échappés dans les entretiens que j'ai eus avec lui sur ce point, me font croire que les doutes qu'on a excités en lui, roulent sur les objets suivants : primo, qu'on lui a représenté que, plus le commerce du Levant serait partagé, plus les puissances qui étaient en possession de le faire, y perdraient, et que par conséquent il était de l'intérêt de la France d'empêcher que Votre Majesté n'envoyât des vaisseaux dans les échelles,1 Secundo, qu'il était à craindre que Votre Majesté qui devait désirer l'abaissement de la maison d'Autriche avec plus d'ardeur que personne, n'abusât de la confiance que la Porte pourrait prendre en Elle, pour l'entraîner dans une guerre, ce qui était directement opposé aux vues du roi et du ministère de France, qui ne désirent que le maintien de la paix et qui sacrifient tout à cet objet. Comme j'aurai occasion de vérifier ces conjectures au retour de la cour à Versailles, où le sieur Rouillé m'a promis de me donner une réponse positive, je ne manquerai pas d'informer Votre Majesté de ce que j'en pourrai découvrir, et j'aurai l'honneur de Lui en rendre compte avec plus de certitude et dans un plus grand détail.“

sont en possession du susdit commerce.

Quant à l'autre point, on me fait le plus grand tort que de penser seulement que je pourrais viser à l'entraîner la France dans quelque guerre; l'expérience du passé doit obliger le sieur de Rouillé de penser mieux sur mon sujet, qui n'ai jamais conseillé la guerre à la France, mais plutôt toujours avisé pour la paix, et, quand j'ai été d'avis qu'il serait bon d'entretenir des liaisons avec la Porte, ce n'a jamais été dans d'autre but que d'en fortifier notre parti et d'avoir un allié respectable, dans le cas que d'autres voudraient attaquer la France ou moi. Je laisse à votre prudence de faire un usage convenable de ceci auprès du sieur Rouillé, pour le rectifier sur les idées absolument fausses qu'on lui a inspirées sur mon sujet.

Federic.

Nach dem Concept.


6535. AU CONSEILLER PRIVÉ DE LÉGATION HELLMUTH- BURCHARD DE MALTZAHN A STOCKHOLM.

Potsdam, 26 novembre 1754.

J'ai bien reçu votre rapport du 15 de ce mois. Il m'a été douloureux d'apprendre que la Reine persiste toujours à suivre ses idées jusqu'à croire que le voyage en France de ma sœur de Baireuth2 lui saurait être de quelque utilité; ce qui pourtant est d'autant moins praticable que la Margrave n'ira pas à Paris, mais seulement à Montpellier, pour y rétablir sa santé. En attendant, j'ai écrit depuis quelques jours une lettre assez longue3 à la Reine, pour lui représenter naturellement tous les inconvénients sur son plan adopté et pour lui faire envisager les hasards et les risques qu'elle courrait par des démarches violentes, absolument hors de saison. Cependant, comme elle me paraît



1 Vergl. S. 426. 455.

2 Vergl. S. 437.

3 Das Schreiben liegt nicht vor. Vergl. Bd. V, 354 Anm.