5975. AU SECRÉTAIRE PLESMANN A DRESDE.

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Plesmann berichtet, Dresden 21. Juli: „Le chevalier Williams, dans l'audience qu'il a eue dernièrement du Roi, a dit à ce Prince que l'on venait d'intercepter à Hanovre des lettres de Votre Majesté par lesquelles Elle pressait la cour de France de seconder le dessein qu'Elle avait de S'emparer d'une partie de la Prusse polonaise. Le Roi n'en a rien voulu croire d'abord, mais, sur les assurances positives du ministre d'Angleterre, Sa Majesté a témoigné à la fin être fort touchée de cette nouvelle. L'ambassadeur de France, de qui je tiens ceci, est persuadé que c'est-là une invention de la façon du comte de Brühl et du chevalier Williams, pour donner une forte alarme à Sa Majesté Polonaise, afin de l'animer peut-être par là à faire quelque démarche assortissante à leurs vues. Ce qui donne un nouveau degré de probabilité à cette conjecture, est que le comte de Brühl, en parlant l'autre jour au Vice-Chancelier28-1 au sujet de l'église que les dissidents voudraient bâtir à Thorn, lui a dit que les ministres de Pologne avaient grand tort de faire tant les difficiles sur cet article, tandis que le roi de Prusse saurait bien appuyer et soutenir les habitants de cette ville, et que lui, Vice-Chancelier, ne savait pas ce qui se tramait à cet égard. Comme l'Ambassadeur m'a prié de ménager le secret de ces avis, j'ai cru être de mon très humble devoir de ne les faire parvenir qu'immédiatement à Votre Majesté.“

Potsdam, 27 juillet 1753.

Les rapports très intéressants que vous m'avez faits depuis le 14 jusqu'au 24 de ce mois,28-2 m'ont tous été fidèlement rendus, et vous ne négligerez rien afin de continuer de m'en faire de semblables, tant que le conseiller privé de Maltzahn se trouvera absent de Dresde.28-3

Vous direz au ministre de France, après lui avoir fait un compliment convenable de ma part sur la confidence que celui-ci vous a faite du procédé malhonnête du chevalier Williams, comme quoi ce dernier avait voulu faire accroire effrontément au roi de Pologne que j'étais en correspondance avec la cour de France au sujet d'une entreprise sur la Prusse polonaise, que toute cette histoire était encore un nouveau mensonge, qui était de la même trempe que tant d'autres que les mal intentionnés et esprits malicieux prétendaient m'attribuer malhonnêtement; que je pouvais l'assurer qu'il ne m'était rien venu dans l'esprit touchant la Prusse polonaise, et qu'ainsi il n'y avait pas un mot de vrai à tout ce conte, de quoi la cour de France saurait rendre le meilleur témoignage.

Qu'en attendant je priais le comte de Broglie de vouloir bien transcrire à sa cour ce mauvais tour, afin qu'elle soit non seulement informée de cette calomnie, mais aussi afin qu'elle puisse aviser, si elle jugeait avoir trouvé quelque occasion propre, s'il ne conviendrait pas de désabuser le roi de Pologne à cet égard. Je crois, au reste, que ce

 

mensonge est encore un plat de métier du comte Brühl, qui, ayant pris, comme chacun sait, de l'argent des Protestants de Thorn, pour leur procurer la liberté de bâtir une église, rencontrant présentement de grands obstacles à leur procurer cette liberté et étant par conséquent embarrassé pour se tirer d'affaire, prend à cette heure, comme de coutume, son recours à de pareils mensonges grossiers pour en duper le chevalier Williams, et se sert de cette calomnie pour intimider les Polonais, afin de les obliger de crainte de quelque querelle de ma part de conniver à l'extruction de l'église en question.

C'est pourquoi aussi que vous ferez bien, en cas que cette calomnie allât en augmentant à Dresde, de la démentir hautement et d'en informer le secrétaire d'ambassade Benoît à Varsovie, pour que, de son côté, il rassure les Polonais sur cet article, en donnant pareillement un démenti formel à ces bruits faux et mensongers.

Federic.

Nach dem Concept.



28-1 Wodzicki.

28-2 Vergl. S. 22 Anm. 1; 25 Anm. 1.

28-3 Vergl. Bd. IX, 461.