6221. AU PRINCE FERDINAND DE BRUNSWICK A POTSDAM.

Potsdam, 20 février 1754.

Monsieur mon Cousin. J'ai reçu votre lettre avec les pièces que je vous fais remettre à la suite de celle-ci. Vous conviendrez que, si la France a traîné jusqu'à présent de payer le dernier quartier de subsides au Duc régnant votre frère, il n'y va point de ma faute et que je n'ai manqué en rien pour en faire souvenir et presser les ministres de France;249-3 je pense aussi que mes représentations faites à ce sujet opèreront que le Duc aura lieu d'être satisfait du payement plus exact de ces subsides de la part de la France, dont je suis persuadé qu'elle ne songera jamais à abuser le Duc par rapport aux engagements qu'elle a pris avec lui. Il me paraît d'ailleurs digne de quelque attention que quant à moi, je ne me suis jamais chargé de faire des avances à raison de ces subsides, aussi souvent que la France ne s'en acquitte précisément au terme stipulé, bien que, pour plus de secret de l'affaire, l'argent des subsides passe par mes mains, et que, s'il y a eu des cas que je l'ai fait, ç'a été par un motif de mes bonnes intentions pour le Duc, et quand les circonstances me l'ont permis, sans me déranger moi-même.

Il y a, je crois, de la prudence de ménager un peu la France, s'il arrive quelquefois qu'elle reste en arrière une couple de mois à ce sujet, en considération que ces subsides sont effectivement un assez agréable revenu extraordinaire, sans qu'il se voie obligé de faire la moindre chose à cet égard qui le saurait déranger aucunement dans ses<250> arrangements ordinaires, et qu'au demeurant il faut considérer que les exemples sont assez rares, au sujet des subsides, qu'ils ont été acquittés aussi exactement que la France l'a fait, au moins jusqu'ici, à l'égard du Duc, qui en aura apparemment fait lui-même l'expérience avec ceux avec qui il a contracté autrefois de pareils traités et qui peut-être lui en sont encore en arrière.

Je ne fais point autrement ces réflexions qu'à Votre Altesse seule, ne doutant pas qu'Elle n'en voudra faire usage que pour autant que pour tranquilliser le Duc Son frère sur cet article, en l'assurant de ma parfaite amitié et la considération invariable que je lui garderai. Je suis avec estime, Monsieur mon Cousin etc.

Federic.

Nach dem Concept.



249-3 Vergl. S. 240.