6240. AU SECRÉTAIRE MICHELL A LONDRES.

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Michell berichtet, London 15. Februar: „L'ami que j'avais détaché auprès du duc de Newcastle pour lui insinuer que, si on était dans des dispositions fa- vorables d'accommoder les différends qui subsistent entre Votre Majesté et cette cour, on trouverait pareillement Votre Majesté dans de semblables dispositions,262-1 s'est acquitté de sa commission. Il m'a informé ce matin qu'à la première insinuation qu'il en avait faite à ce secré taire d'Etat, il avait d'abord remarqué qu'elle avait été bien reçue, mais que le duc de Newcastle n'avait pas voulu lui donner aucune réponse là-dessus qu'après en avoir consulté avec ses collègues; ce qu'ayant fait, il avait prié cet ami de retourner chez lui, et lui avait témoigné que le Roi et ses ministres ne souhaiteraient rien de mieux que de voir finir les différends en question, et qu'il lui allait dire tout naturellement, après tout ce qui s'était passé là-dessus vis-à-vis de la France, jusqu'où l'on pouvait aller ici pour pouvoir les ajuster, savoir qu'il était impossible pour le Roi et pour ses ministres de dé-

Potsdam, 5 mars 1754.

J'ai reçu à la fois vos rapports du 15, du 19 et du 22 du mois de février passé. Je suis bien content de la manière dont vous vous êtes pris pour faire faire adroitement au duc de Newcastle les insinuations que je vous avais commandées; je suis même assez satisfait de la réponse que votre ami en a tirée. Mais, comme la chose mérite que j'y songe mûrement, et que d'ailleurs il me paraît convenir de ne pas marquer trop d'empressement, mon intention est que vous devez tenir en train votre ami et tâcher de le conserver dans la bonne volonté qu'il a marquée, sans lui faire faire de nouvelles insinuations, en attendant que je puisse faire quelques considérations

terminer d'avance et secrètement la satisfaction que les sujets de Votre Majesté pourraient exiger, pour indemnisation des prises faîtes sur eux par la marine anglaise; mais que, si Votre Majesté voulait lever l'arrêt mis sur la dette de la Silésie, Elle pourrait compter sur une satisfaction aussi étendue et aussi équitable qu'il serait possible de la donner. Que le Conseil des prises aurait ordre d'examiner sommairement et d'abord après l'arrêt levé toutes les prétentions des sujets de Votre Majesté, et qu'Elle aurait lieu d'être contente de cet examen.

Voilà, Sire, la réponse à la simple insinuation que j'avais fait faire, et, comme elle ne se trouve pas conforme aux idées de Votre Majesté, je n'ai pas jugé à propos d'aller plus loin et resterai tranquille. J'ajouterai cependant que m'étant entretenu assez longtemps là-dessus avec mon ami, il m'a fait connaître qu'on avait réellement beaucoup d'envie de voir terminer ici cette affaire, mais que l'on ne pouvait pas la finir sur un autre pied, et que les ministres joueraient trop gros jeu de convenir d'avance d'une certaine somme pour satisfaction vis-à-vis de Votre Majesté. Qu'il fallait considérer d'ailleurs la froideur qu'il y avait entre Votre Majesté et Sa Majesté Britannique, et combien le système britannique était contrecarré par Votre Majesté, pour que les ministres pussent et osassent dans de semblables circonstances se prêter à aucune démarche dont ils pourraient être un jour ou autre responsables vis-à-vis de la nation, et que, si les différends en question restaient sur le pied où ils sont, on préférerait plutôt de perdre le reste des dettes de la Silésie à travailler de les accommoder par le moyen de quelque expédient qui pût mettre cette couronne à découvert vis-àvis des autres puissances263-1 et exposer les ministres au ressentiment de la nation“ …

à ce sujet et vous instruire sur ma résolution à prendre finalement,

Federic.

Nach dem Concept.



262-1 Vergl. S. 239.

263-1 Vergl. Bd. IX, 380. 383.