6263. AU CONSEILLER PRIVÉ DE GUERRE DE KLINGGRÆFFEN A VIENNE.

Potsdam, 23 mars 1754.

Quand vous avez été averti, en conséquence du post-scriptum de votre dernière dépêche, d'un projet en faveur du prince saxon pour lui faire tomber [en partage] le trône de Pologne, quand il deviendra à vaquer, et de faire épouser l'aînée des archiduchesses, vous pouvez compter que l'avis que vous en avez eu, est fondé et que j'ai été instruit, depuis quelque temps déjà, par un bon canal que les instructions du comte Flemming277-2 portent de mettre ces affaires sur le tapis et d'en faire une négociation séparée et secrète. J'estime cependant qu'il y réussira assez mal, vu que je ne saurais point me persuader que la cour de Vienne voudrait condescendre à marier une des archiduchesses à un prince apanage, dont le frère aîné a de la famille, et qui porte aussi bien que l'autre des vues sur la succession à la couronne de Pologne. Supposé même que le projet en question réussît et que le Prince cidessus mentionné succèdât en Pologne, quelles ressources aurait-il pour se soutenir avec dignité que le peu d'apanage que son frère aîné lui paierait peut-être assez mal, par l'envie qu'il aurait de son élevation à ses dépens?277-3 Et peut-on croire que la cour de Vienne voudrait donner du sien pour le faire vivre? Au reste, j'ai mes raisons pourquoi je vous ordonne de ne parler du tout de ce projet au ministre de France.

Federic.

Nach dem Concept.

<278>

277-2 Vergl. S. 249.

277-3 Vergl. Bd. IX, 45.