6322. AU LORD MARÉCHAL D'ÉCOSSE A PARIS.

Potsdam, 6 mai 1754.

Après avoir vu, par votre dernière dépêche immédiate, de quelle manière M. de Saint-Contest s'est expliqué sur ce que vous lui avez fait exposer par le sieur de Knyphausen du contenu des lettres que je vous avais faites du 6 et du 9 d'avril dernier,318-1 mon intention est que vous dissiez à ce ministre que j'étais moi-même de son avis sur ce que nous était arrivé de nouvelles relativement aux arrangements militaires de la cour de Vienne, et que je ne croyais pas moi encore qu'il y avait du sérieux de la part des Autrichiens là-dessus; mais que j'avais cru de mon devoir de communiquer à la France les nouvelles qui m'étaient revenues telles qu'elles je les avais reçues, sans les donner pour authentiques, qui, en considérant toutes les circonstances présentes de l'Europe entière, me semblaient incroyables. Cependant, comme tous les avis continuent que la cour susdite faisait faire sans relâche des arrangements tels comme si elle était à la veille de soutenir la plus forte guerre,<319> et que les troupes de Russie s'augmentaient de jour en jour en nombre dans la Livonie, j'attends encore quelques avis de Vienne, que je ne manquerai pas de communiquer fidèlement à la France, et s'ils seront tels qu'on en saurait conclure que la cour de Vienne n'a point de vues offensives, je croyais alors moi-même qu'il serait superflu et prématuré que nous prenions des concerts là-dessus.

Quant à la négociation du sieur de Beckers à Vienne,319-1 je me réfère à la dépêche d'aujourd'hui du département des affaires étrangères et n'ajoute qu'en conséquence de mes lettres de Vienne cette négociation saurait traîner bien du temps encore.

Pour ce qui regarde l'affaire par rapport au sieur Folard, vous aurez déjà reçu mes ordres pour la laisser tomber entièrement.319-2

Je n'ai point eu depuis peu de lettres de Londres, mais, si celles que j'ai eues jusqu'ici, accusent juste, le roi d'Angleterre ne saura point faire dans le cours de cette année-ci un voyage à Hanovre; d'ailleurs, il n'est point à douter que la cour d'Angleterre n'ait la supériorité dans le nouveau Parlement, vu qu'elle saurait employer plus d'espèces que le parti opposé à lui.

Au reste, mandez-moi si la France gagnera ou non, quand le marquis d'Ensenada sera déplacé.

Federic.

Nach dem Concept.



318-1 Nr. 6285. 6285.

319-1 Vergl. S. 315.

319-2 Vergl. S. 314.