6451. AU SECRÉTAIRE MICHELL A LONDRES.

Michell berichtet, London 23. August: „Il m'est revenu de lieu sûr que le sieur Keene mandait ici par ses dernières lettres qu'un des motifs de la chute du comte de l'Ensenada419-1 provenait de ce qu'il avait donné des ordres de son chef, à la sollicitation de la France, d'attaquer en Amérique tous les vaisseaux anglais qui paraîtraient dans ces mers-là, ce qui aurait entraîné peu à peu une rupture avec cette nation-ci, et qui fait aujourd'hui que le Roi et ses ministres sont charmés de cette chute, au point qu'ils se flattent non seulement de continuer à bien vivre avec l'Espagne, mais, de plus, qu'il surviendra moins de difficultés que jamais entre les deux nations. On compte même, au moyen des dispositions que le sieur Keene a remarquées dans le général Wall, de pouvoir vider entièrement tous les différends qui subsistent entre les deux cours au sujet du commerce de l'Amérique … Il semble, par la contenance que l'on tient, que l'Espagne va ouvrir le commerce du nouveau monde aux Anglais et que cette couronne va se détacher entièrement de la France.“

Breslau, 7 septembre 1754.

J'ai bien reçu votre rapport du 23 d'août dernier et vous sais gré des particularités intéressantes que vous m'avez apprises touchant ce que la cour où vous êtes se flatte de pouvoir tirer d'avantages à l'occasion de la chute du marquis d'Ensenada. 11 est vrai qu'on ne convient pas partout ni du motif de la catastrophe de celui-ci ni des conséquences qu'on vous a dit qu'elles en résulteraient, de sorte qu'il faut attendre encore si les évènements justifieront l'attente flatteuse que le ministère anglais s'en promet. En attendant, vous continuerez de veiller attentivement sur ce qui se passera dans cette affaire, comme [dans] toutes celles qui regardent mes intérêts.

Federic.

Nach dem Concept.



419-1 Vergl. S. 406.