6478. AU DÉPARTEMENT DES AFFAIRES ÉTRANGÈRES.

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Podewils und Finckenstein berichten, Berlin 9. October: „Le sieur de Lyncker, résident de la cour d'Ansbach à celle de Votre Majesté, vient de nous présenter la lettre et le mémoire ci-joints, adressés à moi, Podewils, de la part du baron de Seckendorff à Ansbach.437-2 L'une et l'autre de ces deux pièces contiennent des plaintes amères sur le grand délabrement des finances et la décadence extrême des États de Son Altesse le margrave de Baireuth. Ces plaintes roulent principalement sur les points suivants:

1° Que les instances de la cour d'Ansbach pour faire agréer à celle de Baireuth la convention proposée en 1752 et approuvée de la part de Votre Majesté, tendante à remettre les finances des deux pays sur un meilleur pied et à en effacer les dettes, avaient été jusqu'ici entièrement infructueuses.

2° Que, quoiqu'il n'ait pas encore été payé un sol des dettes immenses dont les pays de Baireuth étaient chargés, on en foulait néanmoins les sujets presque journellement par de nouveaux impôts criants, de façon que plusieurs d'entre eux avaient été réduits au désespoir et à des extrémités.

3° Qu'on ne faisait même nulle difficulté de s'approprier les dépôts publics et l'argent des orphelins, et que la cour de Baireuth

4° Pour mettre le comble à ses dépenses énormes, avait résolu de faire dans peu le voyage de France pour neuf mois, sans compter

[Potsdam, 10 octobre 1754].

Vous n'avez qu'à faire copier ce que je réponds ci-dessous, et l'envoyer tel que je vous le donne à Seckendorff :

Je suis bien étonné de la ridicule lettre que Seckendorff vous a écrite, je m'étonne que le margrave d'Ansbach ne l'ait pas fait mettre aux petites-maisons. C'est bien à Seckendorff de parler de la mauvaise économie de Baireuth, tandis que son maître est prêt à faire banqueroute, mais ce faquin veut brouiller les deux Margraves, et vous devez lui faire sentir que jamais il ne m'entraînera dans ses infâmes complots; je souhaiterais que le margrave d'Ansbach connût le caractère de ce malheureux: un homme fidèle lui aurait représenté que le voyage que ma sœur fait pour la conservation de sa santé, était désirable pour le margrave d'Ansbach même; que, si ma sœur venait à mourir, celui de Baireuth pourrait se remarier, et alors adieu l'héritage! mais un ministre scélérat tient les discours de Seckendorff. Ne me parlez plus de cette affaire,

 

5° Qu'elle avait employé à d'autres usages l'emprunt destiné pour le rétablissement du palais consumé en dernier lieu par le feu,438-1 et qu'elle venait de faire

6° Une cession de terres assez considérable à l'Ordre Teutonique.

Quoiqu'il se pourrait très bien que la cour d'Ansbach, par un effet de son animosité contre celle de Baireuth, et peut-être entraînée par un désir trop vif de succéder bientôt dans les Etats de la dernière, ait chargé un peu trop le tableau qu'elle fait de la position actuelle des affaires de ce pays, nous avons cependant cru être de notre devoir d'en rendre très humblement compte à Votre Majesté, dans la supposition qu'au cas que ces avis d'un dépérissement total et de ses finances fussent fondés, Elle ne pourrait pas le regarder d'un ceil indifférent, vu la succession éventuelle de Votre Majesté et de Sa maison royale dans les deux margraviats, au défaut du seul descendant mâle qui reste de la maison d'Ansbach.438-2 Et, puisque le margrave d'Ansbach souhaiterait qu'il plût à Votre Majesté, en qualité de chef suprême de l'auguste maison de Brandebourg, de Se concerter avec elle438-3 sur les mesures les plus convenables à prendre pour sauver les États de Baireuth de leur prétendue ruine et de permettre qu'elle s'adressât directement à Elle pour Lui faire des ouvertures confidentes à ce sujet, nous soumettons aux hautes lumières et au bon plaisir de Votre Majesté si Elle trouvera bon de Se rendre là-dessus aux désirs de ce Prince ou si Elle aimera peut-être mieux de ne Se mêler absolument point de cette querelle domestique, sur quoi nous attendons Ses ordres avec le plus profond respect, pour les expliquer ensuite au baron de Seckendorff en réponse à sa lettre susmentionnée.“

et quand vous recevrez des lettres aussi dépourvues de raison, gardezvous bien de me les remettre.

Federic.

Nach der eigenhändigen Aufzeichnung (praes. 10. October) am Rande des Berichts.



437-2 D. d. Ansbach 29 septembre 1754.

438-1 Vergl. Bd. IX, 335.

438-2 Erbprinz Christian Friedrich Karl Alexander.

438-3 Son Altesse Sérénissime d'Ansbach.