<108> bien persuadé qu'elle désirerait de pouvoir préalablement calmer les émeutes en Hongrie et s'assurer de la neutralité de la Porte, tout comme sous le gouvernement passé du Sultan décédé.1

A cette occasion, je ne veux plus vous laisser ignorer que, dès la mort du comte Desalleurs,2 qui fut bientôt suivie du Sultan décédé,3 j'ai songé d'envoyer quelqu'un des miens à Constantinople, pour s'y orienter sur la situation actuelle des affaires de la Turquie et s'informer en même temps du' système que la Porte adoptera. Comme j'y ai envoyé du depuis un nommé de Rexin, avec le caractère de chargé d'affaires, que j'ai adressé au sieur Celsing, et dont j'ai fait part à la France et à la Suède,4 vous observerez à ce sujet que, tandis qu'on ne vous parlera pas de cet envoi, vous en devez garder un profond silence envers qui que ce soit, mais, si ensuite la chose éclate et qu'on vous en parle, vous vous bornerez alors de dire que, comme on avait rompu presque tout commerce à Vienne entre la Silésie et les pays héréditaires autrichiens,5 je m'étais vu obligé d'envoyer quelqu'un vers la Turquie, afin de tenter d'y trouver quelque nouveau débouché des marchandises silésiennes et d'en former là un commerce.6

Pour ce qui regarde les sentiments que le sieur d'Aubeterre vous a fait paraître au sujet de l'ordre qu'il a reçu de sa cour,7 afin de pousser ses bons offices pour aplanir les difficultés qui empêchent la conclusion d'un traité de commerce avec moi, j'estime que la France est assez fondée en droit de se mêler de cette affaire, qui n'est pas purement domestique de la cour de Vienne, mais qui est une suite du traité de paix de Breslau et de celui de Dresde, par l'article connu qui y a été stipulé au sujet du commerce.8 Et, comme ces traités ont été confirmés et garantis par celui de la paix générale qui fut fait et conclu a Aix-la-Chapelle, la cour de Vienne aurait bien tort de vouloir paraître choquée si la France lui faisait faire des remontrances et employer ses bons offices pour l'acheminement d'une affaire qui est fondée dans les traités susdits. Mais, comme il n'est pas aisé que je puisse juger de loin si, dans le moment présent, il est convenable ou non que le sieur d'Aubeterre fasse quelque démarche audit sujet, il faut bien que je me remette en ceci sur votre pénétration et votre prudence, afin que vous qui êtes sur les lieux, agissiez conformément aux circonstances, en sorte que, si vous jugez que l'insinuation que la France fit faire là-dessus, sera sans aucun succès, il faut bien qu'elle soit remise à un autre temps plus convenable, au lieu que, si vous croyez qu'elle saurait sortir son effet, vous conviendrez avec le sieur d'Aubeterre de la façon qu'elle saura se faire convenablement. Ce que j'abandonne à vos lumières et à votre jugement.

Federic.

Nach dem Concept.



1 Vergl. S. 95.

2 Vergl. S. 1.

3 Vergl. S. 7.

4 Vergl. S. 84.

5 Vergl. S. 95.

6 Vergl. S. 22.

7 Vergl. S. 104.

8 Vergl. Bd. VIII, 410.